Canadian Oil Sands revendique la victoire dans sa lutte contre l'offre d'achat hostile dont elle fait l'objet, mais elle estime que ses actionnaires méritent de savoir exactement combien d'entre eux avaient appuyé la proposition de 4 milliards de dollars de Suncor Énergie avant que cette dernière ne repousse son expiration au-delà de vendredi dernier.

L'offre du géant canadien de l'énergie est maintenant valide jusqu'au 27 janvier en vertu des mêmes termes: soit un quart d'action de Suncor pour chacun des titres de COS.

Cette prolongation donne à Suncor plus de temps pour tenter de convaincre les actionnaires de COS et évaluer ses options. Mais COS a, de nouveau, exhorté ses actionnaires à rejeter la prise de contrôle dans sa forme actuelle.

« Même si seule Suncor a eu accès aux résultats sur des actions déposées, la meilleure information obtenue actuellement par COS indique qu'une forte majorité des actionnaires de COS a rejeté l'offre de Suncor, substantiellement sous-évaluée et opportuniste », a indiqué la société dans un communiqué.

« COS croit qu'un dévoilement immédiat du nombre d'actions déposées est requis en vertu des lois canadiennes et américaines sur les valeurs mobilières dans cette situation, en tant qu'information importante qui pourrait raisonnablement affecter la décision des actionnaires d'accepter ou de rejeter l'offre de Suncor. »

Bradley Freelan, partenaire du cabinet d'avocats Fasken Martineau qui se spécialise dans les fusions et acquisitions, croit qu'il est possible de déduire, à partir de la décision de Suncor, que moins de la moitié des actions de COS ont été déposées en vertu de son offre.

« Ils pourraient bien simplement prolonger et puis prendre le temps de décider ce qu'ils veulent faire pour la suite des choses, peut-être augmenter le prix et puis voir le genre d'appui qu'ils peuvent obtenir avec un prix plus élevé, peut-être », a-t-il affirmé.

« Peut-être qu'ils discutent avec certains de leurs plus importants actionnaires pour voir s'il y a un prix auquel ils seraient intéressés de conclure une entente. »

L'homme d'affaires Seymour Schulich, qui dit détenir 5 % des actions de COS, s'est fortement opposé l'offre de Suncor dans sa forme actuelle.

Le chef de la direction de Suncor, Steve Williams, a indiqué, lors d'un entretien la semaine dernière, qu'il ne prolongerait ses efforts que s'il avait un « niveau élevé de confiance » de pouvoir éventuellement conclure une entente.

M. Williams a émis un bref communiqué lundi - le premier depuis que Suncor a annoncé la prolongation de son offre vendredi - mais n'a pas précisé combien d'actions de Canadian Oil Sands avaient été déposées.

« Nous sommes encouragés par le nombre d'actions qui ont été déposées », a indiqué M. Williams. « Nous avons décidé de prolonger l'offre afin de permettre aux actionnaires de continuer à déposer leurs actions dans le cadre de l'offre. »

COS juge que l'offre de Suncor est trop faible et que ses actionnaires seraient mieux servis si COS restait indépendante. Suncor fait valoir qu'il est hors de question d'améliorer son offre compte tenu du recul du cours du pétrole à un creux de plusieurs années, et croit en outre que ce contexte fait en sorte que son offre est moins risquée pour les actionnaires qu'un maintien de l'indépendance de COS.

Les deux sociétés sont partenaires dans le projet de sables bitumineux Syncrude, au nord de Fort McMurray, en Alberta. COS en détient 37 %, contre 12 % pour Suncor.

La participation dans Syncrude est le principal actif de COS, tandis que Suncor compte de vastes activités dans le secteur des sables bitumineux, en plus de participations dans des plateformes de forage maritime et de raffinage.