Le Sénat américain, dominé par les républicains, a approuvé jeudi la construction de l'oléoduc controversé Keystone XL entre le Canada et les États-Unis, malgré la menace de veto du président Barack Obama.

Les sénateurs ont voté par 62 voix contre 36 en faveur d'une proposition de loi qui autoriserait immédiatement le projet transfrontalier, contesté par les écologistes et la majorité des démocrates.

La Chambre des représentants, également sous contrôle républicain, avait déjà voté pour Keystone XL le 9 janvier, mais devra revoter pour prendre en compte les amendements du Sénat et adopter définitivement le texte.

Quoiqu'il arrive, l'oléoduc ne sera pas autorisé immédiatement, car Barack Obama opposera son veto à cette loi. Il n'entend pas se faire priver par le Congrès de son pouvoir de décider, seul, de l'utilité du projet, conformément à la procédure administrative en cours.

Déposée par l'opérateur canadien TransCanada en 2008, puis avec un tracé modifié en 2012, la demande de permis de construire est suspendue à l'aval de l'administration de Barack Obama, qui doit déterminer si le projet sert «l'intérêt national».

Le président américain n'a pas dit quand il déciderait sur le fond, ni s'il donnerait son feu vert à ce projet, devenu litige partisan entre républicains et démocrates.

Keystone XL servirait de raccourci pour transporter du pétrole brut extrait des sables bitumineux de l'Alberta, dans l'ouest du Canada, jusqu'au Nebraska (centre des États-Unis), d'où il pourra rejoindre les raffineries du golfe du Mexique via un réseau d'oléoducs déjà existants.

Les républicains soulignent que le transport de pétrole par oléoduc est plus sûr que par chemin de fer, et que Keystone XL, qui doit faire 1400 km aux États-Unis, permettra de renforcer la sécurité énergétique américaine, tout en créant des dizaines de milliers d'emplois pendant les deux ans de chantier.

«La construction Keystone injecterait des milliards dans notre économie», a déclaré Mitch McConnell, chef de la majorité républicaine du Sénat.

Les écologistes et une majorité de démocrates y sont hostiles en raison des risques de fuite. Photos à l'appui, ils rappellent au public que le nettoyage de la gigantesque fuite d'un autre oléoduc dans la rivière Kalamazoo, dans le Michigan en 2010, n'est toujours pas terminé.

Ils dénoncent aussi l'exploitation des sables bitumineux, qui défigure les paysages et émet plus de gaz à effet de serre.

Mais le département d'État, dans un rapport d'impact environnemental publié en janvier 2014, a conclu que la construction de Keystone XL n'aurait pas d'impact significatif sur le taux d'exploitation des sables bitumineux canadiens, qui disposent d'autres débouchés commerciaux que les États-Unis.

Les démocrates développent aussi un argument protectionniste, en dénonçant une loi qui serait trop favorable aux intérêts canadiens.

«C'est comme une paille géante qui partirait du Canada et traverserait les États-Unis jusqu'à Port Arthur, au Texas, pour aspirer le pétrole», a dit Charles Schumer.

«Il n'y a jamais eu de loi donnant des faveurs spéciales à une entreprise privée», a dit Barbara Boxer, «et encore moins à une entreprise étrangère!».

«Et aujourd'hui on fait une fleur à une entreprise pétrolière étrangère», a dit la démocrate.