Les cours du brut ont chuté de plus de 6 %, jeudi, après la décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) de ne pas réduire sa production. Le cartel dominé par l'Arabie saoudite espère ainsi ne pas céder trop de parts de marché à ses concurrents, surtout les États-Unis, dont la production explose depuis 2008. Les cours du pétrole ont plongé  de plus de 30 % depuis juin, atteignant jeudi un creux des quatre dernières années.

Les prix de l'essence

En avril, le litre d'essence ordinaire se vendait environ 1,50 $ dans la région de Montréal. Hier, le prix moyen était de 1,22 $, selon la Régie de l'énergie, soit 19 % de moins. Il faut remonter à 2011 pour retrouver un prix aussi bas. À Ottawa, on peut faire le plein à 1,03 $ alors qu'en Alberta, on s'en tire à moins de 95 cents. Aux États-Unis, le prix moyen est passé de 3,71 $ US le gallon en avril à 2,79 $ US, un recul de 25 %. La baisse a été moindre au Canada en raison de la dépréciation du huard, le pétrole se transigeant en dollars américains.

Les ventes d'autos

Avec la baisse des prix de l'essence, les ventes de voitures et de camionnettes s'accélèrent. La croissance a atteint 3 % dans le monde en octobre. Elle a dépassé les 6 % aux États-Unis, au Canada et en Europe. Dans un rapport publié hier, la Banque Scotia prédit que cette tendance se poursuivra, plus particulièrement dans le segment des véhicules énergivores. C'est une bonne nouvelle pour les constructeurs, les véhicules utilitaires sport présentant une marge bénéficiaire plus élevée que les voitures. Pour l'instant, ce changement de comportement d'achat n'a pas eu trop d'impact sur l'environnement puisque les nouveaux véhicules sont, somme toute, moins polluants, a récemment constaté le Transportation Research Institute de l'Université du Michigan.

Des gouvernements aux aguets

En Alberta, la culbute des cours du pétrole a déjà retranché 154 millions de dollars au surplus du gouvernement pour l'exercice en cours. La province n'a pas encore de quoi paniquer: pour l'instant, ont prévoit que l'excédent atteindra tout de même 933 millions. À Ottawa, le ministre des Finances, Joe Oliver, a assuré hier que le gouvernement avait déjà pris en compte la chute du brut dans ses prévisions. D'autres pays producteurs, comme la Russie, le Venezuela et le Nigeria, risquent de souffrir davantage. La dépréciation de leur devise a amorti le coup, mais pas complètement.

Une stimulation de la croissance mondiale?

La déroute du pétrole freinera sans doute les investissements dans les nouveaux projets d'extraction, mais les autres industries profiteront de la baisse des prix de cette ressource vitale. La banque américaine Citigroup estime que les économies pourraient atteindre 1100 milliards par année à l'échelle mondiale si les cours du brut demeurent bas pendant un certain temps. Les difficultés auxquelles font face les pays producteurs pourraient être en partie contrebalancées par la dépréciation de leur devise, ce qui donnera un coup de pouce à leurs fabricants exportateurs.