Les prix du pétrole ont bondi jeudi à New York, dopés par des inquiétudes géopolitiques après l'écrasement d'un avion de ligne en Ukraine, les investisseurs craignant d'éventuelles perturbations de l'offre énergétique russe en cas d'escalade des tensions avec les Occidentaux.

Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en août a grimpé de 1,99 dollar à 103,19 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre, dont c'était le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, a fini à 107,89 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 72 cents par rapport à la clôture de mercredi.

Dès les échanges électroniques, les cours du pétrole ont nettement augmenté dans la nuit de mercredi à jeudi, dans un marché craignant l'impact de nouvelles sanctions occidentales contre la Russie, accusée de soutenir les séparatistes prorusses en Ukraine.

De telles mesures étaient susceptibles de dérégler l'approvisionnement du marché européen de l'énergie, dont environ 30% des importations de gaz et de pétrole européennes proviennent de la Russie, et la moitié des importations en provenance de Russie transitent par l'Ukraine.

Cette hausse s'est nettement accentuée lorsque les investisseurs ont appris qu'un avion de ligne malaisien parti d'Amsterdam pour Kuala Lumpur s'était écrasé dans la région de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine.

Cette zone est au coeur des affrontements entre le gouvernement de Kiev et les insurgés prorusses depuis plusieurs mois.

Le long-courrier Boeing 777, opéré par Malaysia Airlines, transportait 295 personnes. Il aurait pu être abattu, selon le président ukrainien Petro Porochenko, qui a évoqué «un acte terroriste». Des journalistes de l'AFP arrivés sur les lieux du drame n'ont par ailleurs vu aucun signe d'éventuels survivants.

«Si d'une manière ou d'une autre, on parvient à relier cette catastrophe aérienne à la Russie, si l'on découvrait que les Russes avaient fourni un missile à l'origine d'un tir sur l'avion, le risque est que la Russie connaisse le même sort que l'Iran», a expliqué Carl Larry, de Oil Outlooks and Opinion.

Non seulement Moscou, comme Téhéran - soupçonnée de vouloir développer l'arme nucléaire - serait mise au ban des nations, «mais il serait interdit de faire affaire avec tout pays faisant aussi affaire avec la Russie», a-t-il précisé.

Les conséquences sur le marché de l'énergie seraient majeures. «Un recul de 50% des exportations pétrolières russes équivaudrait à une baisse de quelque 4,5 millions de barils par jour de brut et quelque 2 millions de barils par jour d'essence, de diesel et d'autres produits raffinés», a estimé M. Larry.

En outre, les prix du brut, surtout du WTI, sont restés également soutenus par l'annonce la veille par le département américain de l'Énergie (DoE) d'un plongeon bien plus net que prévu, de 7,5 millions de barils, des réserves de brut aux États-Unis, un bon signe pour la demande en or noir aux États-Unis.

Une baisse des réserves de brut est habituellement bien reçue par le marché, car elle signale une demande vigoureuse d'or noir aux États-Unis, premier consommateur mondial de pétrole.

Les investisseurs sont aussi restés attentifs à l'évolution de la situation en Libye, où la production s'est redressée ces derniers jours (à plus de 500 000 barils par jour, contre quelque 200 000 b/j auparavant) en dépit du fait que le pays est secoué par une nouvelle vague de violence.