Hydro-Québec a entrepris une chasse aux nouveaux clients industriels à qui elle pourrait vendre à rabais ses surplus d'électricité. Avec la firme KPMG, la société d'État sonde aussi ses gros clients existants pour connaître leurs besoins afin de peut-être leur faire une offre plus alléchante à eux aussi.

«L'objectif est de réduire nos coûts», a expliqué hier Daniel Richard, président d'Hydro-Québec Distribution, devant la Régie de l'énergie qui examine la demande de hausse des tarifs d'électricité pour 2014-2015.

Hydro veut faire avaler une hausse de 5,8% à ses clients, soit 3,4% pour les tarifs d'électricité et 2,4% pour augmenter sa rentabilité. C'est la plus importante augmentation de tarifs depuis 15 ans. Si elle est acceptée, elle se traduira par une augmentation de 10,40$ par mois pour une maison et 3,00$ par mois pour un logement de taille moyenne.

Les surplus d'électricité, surtout l'énergie éolienne qu'Hydro est obligée d'acheter, expliquent 2,7% de cette hausse de 5,8%.

Hydro assure qu'elle fait tout ce qui est en son pouvoir pour réduire le coût de ses surplus. Une nouvelle offre tarifaire aux entreprises fait partie de ces efforts, a indiqué hier M. Richard. Cette offre pourrait être légèrement supérieure au coût de l'électricité patrimoniale, soit autour de 3 cents le kilowattheure, a laissé entendre M. Richard. Le tarif industriel est actuellement de 4,7 cents le kilowattheure, et une hausse de 5% est prévue pour 2014. Les détails de l'offre devraient être soumis à la Régie au début de 2014.

Sur un autre front, Hydro veut réduire les coûts associés à la centrale au gaz naturel de TransCanada Energy, à Bécancour, dont la production ne sera pas nécessaire avant 2027.

Depuis 2008, Hydro demande chaque année à TCE de suspendre ses activités, ce qui lui coûte entre 120 et 150 millions par année. Hydro négocie actuellement avec TCE une entente à long terme qui lui permettrait d'économiser 20 millions sur cette facture.

Réduire la voilure

Hier, Hydro a fait la nomenclature de tous les efforts qu'elle fait pour réduire ses frais d'exploitation. «Il y a eu réduction de la voilure du distributeur», a fait valoir le président de la division Distribution.

L'effectif de la division est passé de 7351 à 6393 depuis 2011, une diminution de presque 1000 employés à temps complet, a fait valoir Daniel Richard.

Hydro vient de conclure avec la majorité de ses employés syndiqués un contrat de travail de cinq ans qui prévoit que le coût des régimes de retraite sera partagé à parts égales entre l'employeur et les employés en 2018. «C'est l'objectif», a dit Daniel Richard. Actuellement, l'employeur paie 68% de la facture et l'employé, 32%.

Les syndiqués ont aussi accepté un gel salarial pour 2014 et 2015. Le boni versé chaque année aux syndiqués a été éliminé, mais pour être intégré aux échelles salariales à compter de 2015. En 2015, donc, l'augmentation sera de 4,2% en dépit du gel salarial.

Tous les clients d'Hydro-Québec, petits et gros, s'opposent avec force à la hausse de tarifs réclamée par Hydro-Québec. Hier, des représentants de 85 groupes sociaux réunis dans la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics ont assisté aux audiences de la Régie de l'énergie pour signifier leur mécontentement.

«Les tarifs d'électricité ne doivent pas servir à financer des parcs éoliens, alors qu'Hydro-Québec nage dans le surplus d'électricité», a soutenu Véronique Laflamme, une des porte-parole de la Coalition.

Les clients industriels, pour leur part, ont entrepris une contestation judiciaire du récent décret émis par le gouvernement pour l'achat de 450 mégawatts d'énergie éolienne supplémentaire, parce qu'il ne tient pas compte des surplus importants d'électricité.