Des dizaines de PME de l'Abitibi-Témiscamingue et d'ailleurs au Québec veulent tirer profit du boom minier que vit l'Afrique de l'Ouest depuis quelques années.

La semaine dernière, au congrès Québec Mines, l'organisme 48e Nord International a tenté de rapprocher les entrepreneurs d'ici et ceux d'Afrique. On a eu la bonne idée d'inviter Benoit La Salle, qui a fait fortune en fondant la société aurifère québécoise Semafo, active au Burkina Faso et en Guinée.

« L'industrie minière en est encore à ses débuts en Afrique de l'Ouest, alors c'est le bon moment d'y aller pour se tailler une place », affirme Olivier Pâquet, conseiller à l'exportation pour 48e Nord. Les entreprises québécoises sont bien positionnées parce qu'elles ont la réputation de travailler de manière respectueuse et ordonnée. »

En 2007, il y avait une seule mine en activité au Burkina Faso, souligne Alin-Noumonsan Kambou, coordonnateur de l'Alliance des fournisseurs burkinabè de biens et services miniers. Aujourd'hui, il y en a six, toutes exploitées par des entreprises étrangères. Trois autres devraient ouvrir d'ici la fin de 2015.

« Nous avons les ressources, mais il nous manque la technologie pour les exploiter pleinement, dit M. Kambou. Les entreprises canadiennes peuvent nous aider là-dessus. Et en retour, nous pouvons faciliter leur entrée sur le marché africain parce que nous en connaissons le fonctionnement et les caprices. »

« Matchmaking »

Pour favoriser les prises de contact, 48e Nord a également organisé une journée de « matchmaking » qui a permis à une quarantaine de représentants de PME québécoises de rencontrer M. Kambou, Denis Blais, directeur du bureau abitibien de la firme d'ingénierie sud-africaine Cementation ainsi que Mamadou Hadji Cisse, député sénégalais et président d'Alcatras International, une entreprise de services à l'industrie minière.

« Il faut maintenant renforcer les relations que nous venons d'établir pour qu'elles débouchent sur des alliances », note M. Kambou.

Le Québec profite déjà de la croissance du secteur minier dans la région. Entre 2008 et 2012, les échanges commerciaux entre la province et l'Afrique de l'Ouest ont presque doublé, passant de 482 millions à près de 800 millions, une hausse en grande partie attribuable à l'industrie minière.

Adama Soro, délégué commercial à l'ambassade du Canada à Ouagadougou, relève que des PME québécoises ont eu l'occasion de travailler en Afrique de l'Ouest grâce à des clients canadiens comme Semafo ou Iamgold. L'objectif est désormais de faire en sorte que les PME puissent elles-mêmes percer le marché africain par le biais d'activités de maillage. Notons qu'en mai, une trentaine de représentants d'entreprises du Burkina Faso, de la Côte-d'Ivoire, du Sénégal et de la Guinée se sont rendus en Abitibi pour en apprendre plus sur les pratiques minières modernes.

Les entrepreneurs québécois qui veulent connaître du succès en Afrique de l'Ouest devront toutefois se montrer flexibles et persévérants. Là-bas, la plupart des mines sont artisanales et emploient des enfants, une situation que les ONG et les gouvernements tentent de changer.

Chili et Mongolie

Les PME abitibiennes s'intéressent par ailleurs à d'autres régions minières. L'an dernier, 48e Nord International a pris part à des missions commerciales au Chili, en Mongolie, en Afrique du Sud, aux États-Unis et au Canada anglais. En Mongolie, 48e Nord a notamment fait valoir les compétences des PME québécoises en matière de pergélisol. L'organisme a aussi accueilli en Abitibi des délégations venues du Brésil et du Pérou.

« Il n'y a pas si longtemps, les fournisseurs de l'industrie minière se tournaient vers le secteur forestier quand les mines ralentissaient, rappelle Olivier Pâquet. Mais aujourd'hui, vu que le forestier n'est plus ce qu'il était, les entreprises doivent explorer de nouveaux territoires. »

La qualité des produits des entreprises québécoises, conçus pour les conditions météorologiques extrêmes, ne fait généralement pas de doute. « Mais les PME sont moins bonnes dans la commercialisation, constate M. Pâquet. Il faut dire qu'avant le ralentissement de cette année, quand leurs carnets de commandes étaient pleins, elles n'investissaient pas beaucoup dans le marketing. »