Les cours du pétrole coté à New York ont rebondi mercredi, soutenus par des conditions de marché favorables et par l'anticipation d'une hausse modérée des stocks de brut aux États-Unis.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en décembre, tombé à son plus bas en cinq mois la veille, a gagné 84 cents pour s'établir à 93,88 dollars.

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance a terminé à 107,12 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 1,31 dollar par rapport à la clôture de mardi.

Les prix du brut américain «ont été aidés par un sentiment positif parmi les investisseurs, avec un marché des actions en hausse et un dollar en baisse», estime David Bouckhout de TD Securities.

Le recul du billet vert permet notamment de rendre plus attractifs les achats de brut libellés dans la monnaie américaine pour les investisseurs munis d'autres devises.

«Sur des aspects plus directement liés au marché de l'énergie, on s'attend toujours à l'annonce d'une nouvelle hausse des réserves de brut, mais une hausse moins forte que ces dernières semaines», ajoute l'analyste.

Les stocks de brut ont en effet déjà gonflé de près de 30 millions de barils depuis mi-septembre, reflétant une demande saisonnière moins forte et la forte progression de la production grâce au boom de l'exploitation du pétrole de schiste.

L'agence américaine d'information sur l'énergie (EIA) a d'ailleurs annoncé mercredi que la production de brut dans le pays en octobre avait pour la première fois depuis 18 ans dépassé ses importations.

Le département de l'Énergie doit diffuser jeudi, avec un jour de retard par rapport au calendrier habituel à cause d'un jour férié lundi, les chiffres sur l'état des stocks à la fin de la semaine dernière.

Les analystes interrogés par l'agence Dow Jones prévoient une hausse des stocks de brut moins importante que ces derniers temps, de 1 million de barils (contre 1,6 million de barils la semaine précédente).

Par ailleurs, «les troubles persistants en Libye et les perturbations que cela entraîne sur la production pétrolière soutiennent la hausse des prix», remarque Matt Smith de Schneider Electric.

Le pays, dont l'économie dépend à plus de 90% des revenus pétroliers, fait face à une crise sans précédent avec le blocage depuis juillet de plusieurs sites pétroliers par des protestataires.

Dernier événement en date, la raffinerie de pétrole de Zawiyah dans l'Ouest libyen, qui fournit environ 18% du carburant consommé dans le pays, a été bloquée de lundi soir à mercredi par d'anciens combattants rebelles réclamant des soins médicaux.

Les exportations de gaz libyen vers l'Italie sont en outre suspendues depuis lundi, après le blocage du complexe gazier situé près de la ville de Zouara (100 km à l'ouest de Tripoli) par des membres de la minorité Amazighs.

Aux É.-U., la production de pétrole dépasse les importations en octobre

La production de pétrole brut des États-Unis a dépassé en octobre les importations d'or noir pour la première fois depuis février 1995, écrit l'agence américaine d'information énergétique (EIA) mercredi.

En outre, les importations américaines de pétrole sont tombées le mois dernier au plus bas depuis février 1991, ajoute l'EIA dans son rapport sur les perspectives énergétiques à court terme.

«Les États-Unis franchissent une étape historique vers l'indépendance énergétique», s'est félicitée la Maison-Blanche dans un communiqué.

C'est le résultat «d'une production en hausse combinée à la politique énergétique» du président américain Barack Obama, par exemple «le relèvement des normes de consommation d'essence (des véhicules), qui diminuent la consommation pétrolière, les émissions de Co2 et la facture payée par les consommateurs», a détaillé le porte-parole de la Maison-Blanche Jim Carney.

Dans son rapport, l'EIA a aussi noté qu'elle prévoyait une poursuite de la croissance de la production américaine, qui devrait atteindre selon elle 7,5 millions de barils par jour cette année et qu'elle anticipe à 8,5 millions de barils par jour en 2014.

Les États-Unis regorgent de très importantes réserves d'hydrocarbures emprisonnées dans les formations rocheuses de schiste.

Depuis 2007, les progrès technologiques et l'utilisation combinée du forage à l'horizontale et de la fracturation hydraulique («fracking») ont permis d'exploiter ces ressources, donnant naissance à un véritable boom énergétique.

Un rapport de l'Agence internationale de l'Énergie (AIE) publié mardi affirme que les États-Unis deviendront le premier producteur mondial de pétrole dès 2015 mais ne le resteront qu'une dizaine d'années.