À moins que le gouvernement Marois ne donne un signal clair en faveur de l'exploration pétrolière, Junex ne réalisera pas de travaux de forage au Québec cette année, a indiqué hier le président du conseil d'administration de l'entreprise, Jean-Yves Lavoie.

«Le gouvernement dit «oui, on veut développer», mais si je vais voir des investisseurs demain matin, ils vont me demander: «C'est quoi, les règles? Est-ce que tu peux fracturer [le roc]? Est-ce que tu peux produire?» Ces réponses-là, on ne les a pas encore de façon claire», a affirmé M. Lavoie en marge de l'assemblée des actionnaires.

L'an dernier, Junex a investi 4,4 millions de dollars pour forer un puits sur sa propriété de Galt, près de Gaspé. L'entreprise a aussi déboursé 4,7 millions pour réaliser un levé sismique dans l'île d'Anticosti, qui recèlerait des milliards de barils de pétrole.

Junex aimerait passer à la prochaine étape et forer cinq puits à Anticosti, une affaire de 30 millions. Le hic, c'est qu'elle n'a actuellement que 18 millions dans ses coffres. Elle devra donc émettre de nouvelles actions pour aller de l'avant, ce qu'elle ne peut pas faire dans le contexte d'incertitude actuel.

Dans La Presse de samedi, le ministre de l'Environnement, Yves-François Blanchet, a assuré que Québec n'ordonnerait pas au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) de se pencher sur la filière pétrolière avant la phase d'exploitation.

Engagement clair demandé

Mais pour Jean-Yves Lavoie, l'engagement du gouvernement doit être plus clair. «C'est beau de permettre l'exploration, mais si, après, on fait comme pour le gaz de schiste et qu'on arrête ça pour une génération après avoir prouvé que ça existait...», a-t-il lancé.

Au lieu d'investir au Québec, Junex prévoit financer cette année de nouveaux forages au Texas, après le premier réalisé l'an dernier. L'entreprise s'attend à tirer des bénéfices de ces investissements d'ici deux ans.

Jean-Yves Lavoie a quitté hier le poste de PDG pour devenir président du conseil. Peter Dorrins, qui était chef des opérations, le remplace comme PDG. L'autre cofondateur de Junex, Jacques Aubert, a quant à lui quitté la présidence du conseil après avoir consacré 16 ans à l'entreprise.