Environ 50 000 mètres cubes d'eau, ou l'équivalent de 20 piscines olympiques, s'est déversée à l'extérieur du parc à résidus de la nouvelle mine Québec Lithium en Abitibi, dans les derniers jours.

L'unité Urgence-Environnement s'est rendue sur place pour s'assurer que toutes les mesures requises soient prises, selon un communiqué du ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP).

Le registre d'intervention d'Urgence-Environnement, daté du 18 mars, indique qu'il s'agit d'une urgence de catégorie 2, c'est-à-dire que l'événement est susceptible de présenter l'une des caractéristiques suivantes: il peut avoir des impacts significatifs; ses conséquences sont importantes et difficiles à identifier; ou le contrôle de l'événement est complexe et oblige la mise en oeuvre de moyens particuliers.



L'événement a été classé dans cette catégorie surtout en raison de l'ampleur du déversement, souligne Hélène Iracà, de la direction régionale du MDDEFP. On craint surtout les impacts pour la faune aquatique de la petite rivière Fiedmont - la minière a d'ailleurs mis en place une barrière à sédiments pour protéger le cours d'eau.

Selon l'exploitant de la mine, Canada Lithium Corp., la substance en cause n'est que de l'eau et du quartz, mais le MDDEFP ajoute qu'il y a bien quelques matières en suspension (du sable par exemple). L'équipe d'urgence du ministère a prélevé des échantillons pour en savoir plus et s'assurer qu'il n'y ait pas de contaminants. Les résultats seront connus dans les prochains jours.

 

D'après les explications du chef des opérations de Canada Lithium, Charles Taschereau, une partie du parc à résidus accueille les résidus de traitement, tandis qu'une autre permet d'accumuler, par pompage ou par la fonte, l'eau qui servira dans le procédé. C'est dans le revêtement étanche situé sous ce réservoir d'eau qu'il y aurait manifestement une fuite. Le réservoir s'est complètement vidé. Le volet résidus du parc n'est pas touché, assure M. Taschereau.

«Embarrassant», dit l'entreprise

La compagnie venait de commencer à remplir ce réservoir en vue du début de la production de carbonate de lithium. Mais elle a vite remarqué qu'il y avait un problème.

«C'est quelque chose d'embarrassant, dit Charles Taschereau, ce n'est pas le genre de problème qu'on veut avoir dans une phase de mise en service.» La mise en service de la mine, au nord de Val-d'Or, a débuté peu avant Noël.

La Coalition Pour que le Québec ait meilleure mine a rapidement réagi à ce déversement en demandant au MDDEFP de dévoiler le plus d'information possible aussitôt que possible. «Ce déversement nous inquiète d'autant plus que nous exigions à l'été 2012 que le projet Québec Lithium soit assujetti à une évaluation environnementale complète, ainsi qu'à un examen du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), a déclaré Henri Jacob de l'Action boréale Abitibi-Témiscamingue, membre de la Coalition. «Malheureusement, ça n'a pas été fait. Peut-être que ça nous aurait évité ce genre d'incident »

D'autres cas de déversement ont fait les manchettes dans les dernières années, soit à Chapais en 2008 et à la mine du Lac Bloom, à Fermont, en 2011 et 2012.

«La répétition de ces déversements démontre non seulement qu'il y a un manque de contrôle et de suivi indépendant des projets sur le terrain, mais également que les pénalités imposées aux minières pour ce type d'incident semblent nettement insuffisantes», affirme Ugo Lapointe, porte-parole de Pour que le Québec ait meilleure mine.