Loin de la bataille qui a lieu sur la Colline parlementaire entre les conservateurs et les écologistes, un groupe de cadres de l'industrie forestière et des écologistes sont tranquillement en train de conclure des accords qui doivent permettre d'augmenter l'exploitation forestière tout en protégeant des populations de caribous en voie d'extinction ainsi que des écosystèmes fragiles.

Mais ils affirment que leurs plans sont contrecarrés par la bureaucratie.

La directrice de la planification de la conservation pour la société des parcs et de la nature du Canada, Anna Baggio, a indiqué que la patience des environnementalistes «est à bout».

Mme Baggio travaille depuis plus de deux ans avec les dirigeants de l'industrie forestière, les Premières Nations, les maires et d'autres environnementalistes dans le nord de l'Ontario afin d'élaborer un plan qui doit permettre de protéger 800 000 hectares de la forêt de la rivière Abitibi, où vivent des populations de caribous, et laisser 2,2 millions d'hectares disponibles pour l'industrie forestière.

Le pacte de l'Ontario est le plus avancé parmi les projets du genre qui sont en cours sous la Convention pour la conservation de la forêt boréale, annoncée en grande pompe en 2010.

Le gouvernement provincial a donné son appui au plan du nord-est de l'Ontario en juin dernier, et le ministre des Ressources naturelles, Michael Gravelle, en avait fait l'éloge publiquement.

Pendant ce temps, le gouvernement fédéral exprime certaines préoccupations. Il se questionne notamment à savoir si ces accords sont compatibles avec les lois sur les espèces en péril.

Environnement Canada n'a pas répondu aux questions de La Presse Canadienne.

De son côté, Greenpeace - dont le sceau d'approbation sur les produits forestiers constitue une preuve de qualité sur les marchés d'exportation - s'est retiré du projet. C'est le manque de résultats concrets et la conviction que Produits forestiers Résolu Inc. n'a respecté sa partie de l'accord qui ont incité le groupe militant écologiste à quitter le navire.

«Il y a vraiment un manque de légitimité», a déclaré le coordonnateur de la campagne forêt, Richard Brooks.

Après deux ans et demi de travail difficile avec les mêmes sociétés qui étaient auparavant la cible de leurs protestations, «vous n'avez rien à montrer», a ajouté M. Brooks. «Je pense que ça remet en question les bases de l'accord».

Les écologistes et les compagnies forestières qui ont décidé, après beaucoup d'introspection, de rester dans le pacte sont déterminés à le faire fonctionner. Mais la pression pour qu'en sortent des résultats concrets monte.