Charles Bernier, PDG du Groupe Ohméga de Gaspé, compte sur l'industrie éolienne pour 30% de ses revenus. Comme les autres, il voit venir 2015 et la fin des carnets de commandes avec beaucoup d'inquiétude.

«On essaie de se mettre à l'abri de la tempête», dit-il lors d'un entretien téléphonique.

Ce consultant en télécommunications est du bon bord de l'équation. «On peut se redéployer ailleurs et peut-être aussi exporter notre expertise dans l'éolien», précise-t-il.

Le Groupe Ohméga emploie 52 personnes, dont une vingtaine dépendent directement du secteur éolien. Si tout s'arrête en 2015, l'entreprise pourra conserver la majorité de ses employés.

Peu d'entreprises pourront en faire autant. Même si le secteur éolien a un excellent potentiel de croissance en Amérique du Nord, son développement est actuellement freiné par le prix très bas du gaz naturel et les mesures d'austérité des gouvernements qui doivent en subventionner le développement.

Les manufacturiers de pales ou de tours d'éoliennes, qui se sont établis au Québec pour obtenir les contrats d'Hydro-Québec, ne pourront pas facilement exporter leur production ailleurs au Canada ou aux États-Unis. Les gouvernements qui subventionnent le secteur éolien veulent les emplois qui y sont associés, comme le Québec. Ces politiques d'achat local et les coûts de transport défavorisent la Gaspésie, qui est loin des marchés les plus intéressants.

Beaucoup d'emplois sont reliés à la fabrication de tours d'acier, à la construction de voies d'accès et à la préparation du béton, des expertises faciles à trouver n'importe où ailleurs.

La principale valeur ajoutée d'une éolienne, les turbines, est la chasse gardée d'une poignée de multinationales comme Enercon, GE ou Siemens qui, elles, exportent leurs produits partout, y compris au Québec qui n'a pas développé cette expertise.

Seules quelques entreprises québécoises ayant développé une expertise plus rare, notamment dans l'entretien d'éoliennes en milieu nordique, peuvent espérer percer de nouveaux marchés.