Raphaël Sabourin, dont la maison est à quelques mètres du mur vert qui sépare la ville de la fosse géante de Canadian Malartic, semble à bout de ressources. Sa maison est bâtie sur le roc et il affirme que ses jeunes enfants et lui ressentent durement les vibrations des sautages quotidiens de la mine.

Il a acheté sa maison en 2007, avant la construction de la mine. L'école était près de chez lui. L'épicerie aussi. Ce n'est plus le cas. Il soutient que le mur vert devait être trois rues plus loin. Tout le voisinage du quartier sud a disparu. Aujourd'hui, il veut s'en aller et cherche à vendre sa maison à Osisko.

L'entreprise lui offre un prix qu'il juge ridicule par rapport au prix payé il y a cinq ans. Comme lui, d'autres habitants de Malartic voisins de la mine (quartier sud) cherchent à s'entendre avec la société minière afin qu'elle rachète leurs maisons. Le dossier s'éternise et le découragement de ces sept propriétaires est perceptible. Ils affirment qu'eux ou leurs locataires souffrent du bruit et de la poussière.

Osisko a déménagé 130 maisons du quartier sud dans un tout nouveau quartier, en 2008 et 2009, afin de creuser la fosse. Elle s'est entendue avec 34 propriétaires supplémentaires depuis, mais 7 dossiers subsistent. Comme M. Sabourin, ils affirment que les prix offerts par Osisko sont insuffisants. «Je ne m'appauvrirai pas pour eux autres [Osisko]», dit Clément Bernard.

Selon Nicole Kirouac, membre du Comité de vigilance de Malartic et avocate qui conseille cinq propriétaires regroupés, un peu plus de 2 millions suffiraient à régler tous les litiges. «Ces maisons sont invendables», dit-elle.

«It's all about the money»

Osisko affirme plutôt que les citoyens refusent de vendre leur maison sur le marché et qu'ils demandent à Osisko des prix exorbitants. «On a fait le processus avec dignité, assure le vice-président aux finances d'Osisko, Bryan Coates. Y'en a avec qui on ne s'entend pas, mais on va s'entendre un jour.»

«À la fin, it's all about the money», ajoute M. Coates en anglais.

Les citoyens ne trouveront pas d'appui à la mairie. Quand nous avons parlé de la situation des gens du quartier sud, au maire André Vezeau, la réponse a été sans appel: «Bullshit! a-t-il lancé en indiquant comme Osisko que des citoyens demandaient beaucoup trop cher. Je n'ai pas beaucoup d'empathie pour ces gens-là.»

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

Raphaël Sabourin