Pour extraire le lithium de l'Abitibi, le nickel du Nunavik et le fer de la Fosse du Labrador, il faudra d'énormes camions, pelles hydrauliques et tracteurs. Les besoins de main-d'oeuvre pour manoeuvrer cet équipement sont tout aussi énormes: il pourrait y avoir jusqu'à 2000 postes à pourvoir dans les 10 prochaines années. Or, il n'existe aucun programme spécifique pour former cette main-d'oeuvre, une situation qui pourrait changer en 2013.

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La multiplication des projets de mines à ciel ouvert au Québec augmente considérablement les besoins pour des opérateurs (conducteurs) d'équipement minier motorisé, une classe d'emplois qui regroupe une vingtaine de postes différents, dont les conducteurs de camions de production de 100, 240 et 400 tonnes.

Il s'agit de l'emploi pour lequel les besoins de l'industrie minière seront les plus importants dans la prochaine décennie, mais il n'existe encore aucun programme de formation particulier pour ces emplois.

Le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS), en partenariat avec divers intervenants du monde minier, met au point un programme de formation professionnelle pour pallier le problème. Selon nos informations, le tiers du programme est écrit, et il reste encore à organiser son financement. Il serait prêt à être diffusé en 2013.

Actuellement, les élèves qui souhaitent conduire de l'équipement motorisé dans les mines à ciel ouvert doivent passer par d'autres programmes de formation, comme la conduite d'engins de chantier ou la conduite de machinerie en voirie forestière.

«Dans ces programmes, les élèves acquièrent une base, mais les sociétés minières doivent suppléer au manque de compétences», note le directeur général du Comité sectoriel de main-d'oeuvre de l'industrie des mines (CSMO-Mines), Michel Bélanger. Ce n'est pas tant la conduite en tant que telle, mais plutôt la compréhension des spécificités du secteur minier qui fait défaut, ajoute M. Bélanger.

Dans certains cas, les sociétés minières doivent fournir jusqu'à 600 heures de formation supplémentaire. Bref, les programmes actuels ne sont pas adaptés aux besoins de l'industrie, d'après le CSMO-Mines.

Pour l'instant, on ne sait pas encore comment sera structuré le programme (théorie, simulation, immersion en milieu de travail). On ne sait pas non plus dans quelle région (ou dans quelles régions) sera donné l'enseignement. Selon nos informations, le MELS étudie plusieurs scénarios et les coûts associés à chacun de ses scénarios. Tant le gouvernement que les sociétés minières pourraient être appelés à fournir leur part. Un simulateur d'équipement lourd avec les cinq machines de base peut coûter jusqu'à 2 millions, signale Michel Bélanger.

Il y a actuellement 23 mines à ciel ouvert ou souterraines en exploitation au Québec. Ce nombre pourrait passer à 34 en 2016 et 45 en 2021. Globalement, le secteur minier québécois aura environ 20 000 postes à pourvoir dans les 10 prochaines années.

Le métier d'opérateur (conducteur) de machine en traitement du minerai sera également très demandé, avec des besoins d'à peu près un millier de travailleurs. Le seul centre de formation en la matière, à Val-d'Or, fonctionne à plein rendement, mais ne peut former que 35 finissants par année, souligne toutefois Michel Bélanger.