La présence des terres rares est souvent associée à celle d'autres éléments radioactifs comme le thorium ou l'uranium. L'exploration est sans danger, mais l'exploitation peut laisser de mauvais souvenirs: par le passé, des mines de terres rares en Californie et en Malaisie ont provoqué des dégâts environnementaux et des problèmes de santé liés à la radioactivité.

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Le niveau de radioactivité varie d'un gisement à l'autre selon le type de roche qui contient les terres rares. À ce titre, les gisements québécois sont différents des cas californien ou malais, explique Michel Jébrak, professeur au département des sciences de la Terre de l'UQAM. Les teneurs en minéraux radioactifs y sont relativement faibles. Jon Hykawy, docteur en physique et analyste chez Byron Capital Markets, est du même avis.

Le projet Kipawa, au Témiscamingue, est le plus avancé au Québec et la société Matamec travaille déjà sur la question de la radioactivité. Kipawa est un gisement de terres rares lourdes, donc plus propice à la présence d'uranium et de thorium. Les teneurs restent basses - environ 30 parties par million (ppm) pour l'uranium, contre une fourchette de 300 ppm à 200 000 ppm dans les mines d'uranium -, mais pas suffisamment basses pour être négligées.

Matamec et un consultant spécialisé (SENES) sont en train de déterminer à quelles normes devra se soumettre la société pendant toute la durée du processus de production, en vertu des Lignes directrices canadiennes pour la gestion des matières radioactives naturelles, définies par Santé Canada.

«Avec notre consultant, nous avons lancé une série de séances d'information afin de mettre en contexte les teneurs qu'on a dans notre gisement et savoir ce que ça va entraîner en matière de gestion à court et long terme pour l'opération de la mine future», dit Paul Blatter, directeur de la métallurgie de Matamec.

Matamec et SENES calculent que pour dépasser la norme d'exposition à la radioactivité, une personne devrait faire face au minerai de Kipawa pendant 30 000 heures consécutives.

En vertu du procédé projeté, Matamec prévoit que les éléments radioactifs se retrouveront dans deux parcs à résidus sûrs au concentrateur et à l'usine de transformation chimique. Il est possible que des employés doivent porter des appareils qui mesurent le taux de radiation, comme c'est le cas pour les employés de la mine de niobium de Saint-Honoré, au Saguenay.