Assailli de critiques par ses rivaux républicains pour les prix élevés de l'essence à la pompe aux États-Unis, le président Barack Obama amorcera cette semaine une tournée dans le Midwest - notamment en Oklahoma, d'où partira le segment sud du controversé projet d'oléoduc Keystone XL.

Le président américain se rendra dans la petite ville de Cushing - en plus de ses autres arrêts prévus au Nevada, au Nouveau-Mexique et en Ohio -, afin de promouvoir et défendre ses politiques énergétiques. Ces déplacements surviennent alors que le prix à la pompe - qui ne cesse de grimper - se traduit directement par une baisse de la popularité du président Obama dans les sondages.

Cushing est le point de départ de la portion sud de l'oléoduc Keystone XL, un vaste projet évalué à 7,6 milliards $ US de la pétrolière TransCanada [[|ticker sym='T.TRP'|]], de Calgary, qui doit transporter le pétrole brut des sables bitumineux de l'Alberta jusqu'au golfe du Mexique. Ce segment sud acheminera le brut jusqu'aux raffineries du Texas, aidant du même coup à régler le goulot d'étranglement engendré par une production croissante de pétrole dans le Midwest, fait valoir la Maison-Blanche.

Le Dakota du Nord, notamment, fait l'objet d'une importante exploitation depuis la découverte de la formation de schiste de Bakken. Des millions de barils de pétrole non raffiné sont confinés dans des entrepôts de cet État, mais les oléoducs déjà existants n'arrivent plus à assurer le transport du brut jusqu'aux raffineries du golfe du Mexique. À cela s'ajoute l'imposition d'un nombre limite des barils pouvant être acheminés par chemin de fer jusque dans le sud du pays.

Le président Obama a récemment fait volte-face dans le dossier Keystone XL, en se réjouissant de la décision de TransCanada de lancer la construction du segment sud de l'oléoduc. En janvier, la Maison-Blanche avait plutôt refusé d'octroyer un permis au projet dont le tracé doit traverser six États américains.

Les républicains ont accusé le président Obama de tenter, en se déplaçant en Oklahoma, de désamorcer tout dommage politique qu'aurait entraîné sa décision dans cette affaire. Ils ont aussi été prompts à rappeler que l'administration Obama n'avait toujours pas donné son feu vert à l'ensemble du projet Keystone XL.

Les républicains et les écologistes ont tiré à boulets rouges sur le président à l'annonce de ces visites, dénonçant un «double discours».

«Malheureusement, nous sommes bien conscients que sa visite ne représente rien de plus qu'un arrêt de campagne pour tenter d'améliorer son triste bilan en matière d'énergie, avec les prix à la pompe qui sont une menace pour son boulot», a avancé le sénateur de l'Oklahoma Jim Inhofe.

Le président du Comité national républicain, Reince Priebus, a abondé dans le même sens. «Ce président a fermé toutes les portes à une indépendance énergétique du pays», a-t-il lancé lors de son passage sur le plateau télévisé «Face the Nation». «Il dit une chose et son contraire.»

Les écologistes sont déçus, soutenant que l'arrêt du président Obama en Oklahoma ressemblait, à peu de choses près, à une bénédiction du projet d'oléoduc.

«C'est une gifle calculée et ça fait mal. Salomon avait proposé de couper en deux un bébé, et c'est ce qu'Obama essaie de faire en ce moment», a écrit sur le réseau social Tweeter l'écologiste Bill McKibben, qui a été au premier rang des manifestations anti-Keystone devant la Maison-Blanche l'été dernier.

Le stratège principal du président s'est porté à la défense de Barack Obama. «Le président a approuvé des dizaines d'oléoducs. Il n'est donc certainement pas hostile au transport du pétrole, mais cela doit se faire dans les règles», a soutenu David Axelrod.

Le département d'État américain n'a toujours pas rendu sa décision finale dans le dossier, soutenant qu'il lui faut plus de temps pour mener une évaluation environnementale approfondie du nouveau tracé de Keystone.

Sous la pression des écologistes et citant des inquiétudes environnementales, le département d'État avait annoncé en novembre qu'une décision serait prise seulement après l'élection présidentielle. TransCanada avait été renvoyé à sa table à dessins parce que son projet d'oléoduc initial aurait traversé une formation aquifère fragile du Nebraska.

Les partisans de Keystone XL avaient dénoncé cette annonce, soutenant qu'il ne s'agissait que d'un calcul politique pour augmenter les chances de réélection du président Obama.

Les républicains avaient alors talonné l'administration, réussissant à faire adopter des clauses sur l'oléoduc à la fin du mois de décembre. À la mi-février, le président Obama avait refusé d'octroyer un permis à TransCanada, arguant qu'il fallait plus de temps pour évaluer le nouveau tracé de Keystone XL.

M. Obama avait par ailleurs tenu à rassurer le premier ministre Stephen Harper que sa décision n'avait rien à voir avec la pertinence du projet, soulignant qu'il avait été forcé d'agir ainsi à cause des pressions des républicains et invitant TransCanada à soumettre un nouveau tracé.

La Maison-Blanche a argué que la tournée du président visait à faire connaître son approche énergétique, qui inclut entre autres la défense du développement des nouvelles sources d'énergie et la production nationale de pétrole et de gaz.