Ce n'est pas du pétrole, mais ça donne aussi un bon coup d'accélérateur: les investissements dans la production et la livraison d'électricité atteindront 347,5 milliards de dollars d'ici 20 ans, ce qui contribuera 1,2% par année à la croissance de l'économie canadienne.

Au total, 347,5 milliards seront investis dans la production, la distribution et le transport d'électricité d'un océan à l'autre, estime le Conference Board dans une étude publiée hier et réalisée à la demande de l'Association électrique canadienne.

De toutes les provinces, c'est l'Ontario qui mènera le bal, avec des investissements prévus de 86 milliards. L'Alberta suit avec 72 milliards et le Québec est troisième, avec 55 milliards d'investissements prévus.

L'Ontario prévoit produire davantage d'électricité à partir du gaz naturel, du nucléaire et, dans une moindre mesure, de l'éolienne et du solaire.

L'Alberta privilégie le gaz naturel, le charbon et l'éolien. Au Québec, les investissements seront dirigés vers l'hydroélectricité et l'éolien.

Tous ces milliards serviront différents objectifs. L'Ontario veut remplacer ses centrales au charbon par des sources d'énergie moins polluantes, l'Alberta a des besoins croissants en énergie et le Québec veut augmenter sa capacité de production pour pouvoir exporter davantage aux États-Unis.

L'argent investi servira aussi à acheminer l'électricité des centrales vers les centres de consommation et à chaque consommateur.

L'économie canadienne bénéficiera de ces investissements, qui ajouteront 16 milliards par année au produit intérieur brut en dollars courants, de même que 156 000 emplois directs et indirects par année.

Des importations

Pour les entreprises de ce secteur, cela veut dire beaucoup, beaucoup de pain sur la planche, a indiqué François Toussaint, analyste de l'Association de l'industrie électrique du Québec.

Selon le Conference Board, les retombées pourraient être beaucoup plus considérables si les entreprises pouvaient acheter localement l'équipement et la machinerie dont elles ont besoin. «La part importante des machineries et équipements qui devront être importés limitera l'impact économique de ces investissements dans l'économie», souligne l'organisme de recherche.

Le Québec est un bon exemple de recours obligé aux importations.

Hydro-Québec n'a pu trouver aucun fabricant local de compteurs quand elle a décidé de moderniser son système de mesurage. La société d'État investira 1 milliard dans des compteurs plus modernes qui seront fabriqués au Mexique et conçus par une entreprise japonaise.

De même, les turbines et autres composants importants des centrales hydroélectriques et des parcs éoliens sont maintenant à peu près tous fabriqués à l'étranger.

Selon l'analyste de l'Association de l'industrie électrique, le Québec peut toutefois compter sur plus de contenu local que les autres provinces dans certains secteurs précis, comme les lignes de transport d'électricité.

Selon la recension du Conference Board, Hydro-Québec investira d'ici à 2030 davantage dans la production d'électricité (28,7 milliards) que dans le transport (3,8 milliards) et la distribution (21,6 milliards).

Ce scénario est appelé à changer, selon François Toussaint. «On sent qu'il y a un virage à venir vers le transport et la distribution.»