Le groupe minier suisse Xstrata a confirmé jeudi avoir été approché par son homologue Glencore pour une fusion entre les deux spécialistes des matières premières, une opération attendue depuis plusieurs mois et qui créerait le numéro trois mondial du secteur.

Anticipé de longue date par les spécialistes du secteur, Xstrata a finalement brisé la glace en confirmant dans un bref communiqué «avoir été approché par et être en discussion avec Glencore».

Ces négociations pourraient conduire Glencore à lancer une offre sur son homologue helvétique, a précisé Xstrata.

Selon le règlement de la Bourse de Londres, où les deux groupes sont cotés, Glencore dispose jusqu'au 1er mars 16h00 GMT (11h00 à Montréal) pour concrétiser ou renoncer à l'opération. La date limite peut cependant être prolongée.

Glencore a réagi tout aussi brièvement, indiquant avoir «pris note» de l'annonce de Xstrata. «Il ne peut y avoir de certitude qu'une quelconque offre soit faite», a averti la société dirigée par le sud-africain Ivan Glasenberg.

La possibilité d'une fusion entre Glencore, qui détient 34% de Xstrata, et son voisin de Zoug (centre de la Suisse), a été à maintes reprises évoquée depuis l'introduction en Bourse de Glencore en mai 2011.

L'entité fusionnée créerait un géant mondial des matières premières, dont la capitalisation boursière additionnée atteindrait 106,5 milliards de dollars US.

Les deux groupes suisses combinés arriveraient en troisième position derrière le numéro un mondial du secteur, l'anglo-australien BHP Billiton qui pèse 203 milliards de dollars US, et son compatriote Rio Tinto (122 milliards US).

Mais Xstrata et Glencore réunis pèseraient plus que le groupe minier anglo-sud-africain Anglo American, dont la valeur en Bourse représente 58,8 milliards de dollars US.

Selon les analystes de Credit Suisse, l'opération permettrait de générer des synergies de l'ordre de 246 millions à 704 millions de dollars, soit entre 3 à 7% du bénéfice net cumulé pour 2012.

Les spécialistes de la banque helvétiques tablent sur des synergies dans les activités de marketing du charbon, du cuivre et du zinc.

Dans une étude publiée en octobre 2011, Credit Suisse avait déjà révélé l'objectif de cette fusion pour Glencore, à savoir un meilleur accès aux matières premières lui permettant notamment d'obtenir une plus grande capacité pour alimenter son activité de négoce.

Partie de presque rien, Glencore fait aujourd'hui figure d'acteur majeur du secteur.

La société de Baar (centre) ne se contente pas d'être un géant du négoce, mais détient également une grande partie de ses actifs miniers (zinc, cuivre, plomb, aluminium, etc.), énergétiques (pétrole et charbon) et agricoles (coton, tournesol, blé, sucre...). Elle s'approvisionne aussi auprès de 7000 sous-traitants.

Le groupe détient également ses propres installations portuaires, des entrepôts et une flotte de navires pour fournir ses clients à travers le monde.

Glencore, qui a lancé avec succès en mai 2011 son introduction à la Bourse de Londres et de Hong Kong, a dégagé au premier semestre de l'année dernière un bénéfice en hausse de 57% à 2,45 milliards de dollars.

Xstrata est quant à lui le numéro quatre du secteur, en terme de capitalisation boursière. La société a dégagé un bénéfice net en progression de 27% à 2,9 milliards de dollars au premier semestre 2011.

Réunis, les deux groupes pourraient dégager cette année un chiffre d'affaires astronomique de 222,8 milliards de dollars et un bénéfice d'exploitation de 16,7 milliards, selon Credit Suisse.

L'annonce d'une éventuelle fusion a fait décoller les deux valeurs à la Bourse de Londres. À la mi-journée, l'action Xstrata gagnait 9,96% à 1231 pence, tandis que celle de Glencore gagnait 5,39% à 445 pence, dans un marché en baisse de 0,27%.