L'OPEP se prépare à discuter d'une éventuelle hausse de sa production lors d'une réunion très attendue mercredi à Vienne, mais les tensions politiques sur la Libye et la fermeté affichée par l'Iran rendront tout compromis difficile, ont estimé mardi des analystes.

«Il faut que nous examinions ce que va devenir la situation sur le marché du pétrole: après le deuxième trimestre de cette année, il sera un peu tendu», a déclaré le ministre de l'Énergie des Émirats arabes unis Mohamed ben Dhaen al-Hamili aux journalistes à son arrivée à Vienne.

Des propos qui semblent plaider en faveur d'un accroissement de la production du cartel: déjà, plusieurs délégués de pays du Golfe, cités par des médias ce week-end, ont laissé la porte ouverte à un possible relèvement des quotas de l'OPEP, inchangés depuis deux ans et demi.

Les quotas de production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui regroupe 12 pays et pompe 40% du pétrole mondial, sont fixés à 24,84 millions de barils par jour (mbj) depuis janvier 2009.

Alors qu'une majorité d'analystes tablaient encore la semaine dernière sur un nouveau statu quo de l'organisation, plusieurs anticipent désormais une hausse évaluée entre 500 000 et 1,5 mbj.

Un tel relèvement répondrait à la pression des pays consommateurs, dont l'Agence internationale de l'Énergie (AIE) s'est fait le porte-voix.

Elle a réclamé une augmentation de l'offre de brut de l'OPEP, afin d'éviter que la flambée des cours du baril au-dessus des 100 dollars ces derniers mois ne compromette la reprise économique mondiale.

Cependant, «un simple ajustement ne changera pas grand-chose» et ne suffira pas à lui seul à rassurer les marchés, ont averti les analystes de Barclays Capital.

«Un relèvement de 1,5 mbj mettra simplement les quotas en adéquation avec l'actuel niveau de production de l'OPEP, et ne suffira toujours pas à compenser l'interruption» des exportations libyennes de brut, ont-ils fait valoir.

La production réelle des États membres était en avril de 1,3 mbj supérieure aux quotas impartis par l'OPEP, selon l'AIE.

Un accord au sein du cartel mercredi pourrait de toute façon être compromis par la fermeté de ses membres les plus conservateurs --Venezuela, Irak et surtout l'Iran, qui assure cette année la présidence de l'organisation.

Mohammed Ali Khatibi, représentant iranien à l'OPEP, a indiqué lundi à la télévision d'État de Téhéran qu'il n'y avait «aucun besoin d'augmenter la production de l'OPEP» et que le marché était «équilibré».

Le responsable par intérim du ministère du Pétrole iranien, Mohammad ali-Abadi, s'est de son côté montré plus prudent: «Il faudra écouter les points de vue de tous les membres», a-t-il déclaré mardi à son hôtel viennois.

Les tensions politiques autour de la Libye devraient également venir compliquer les débats.

Le régime du colonel Mouammar Kadhafi sera représenté mercredi par Omran Aboukraa, ancien président de la compagnie libyenne d'électricité, a indiqué mardi à l'AFP une source proche de l'OPEP.

Or, plusieurs membres du cartel soutiennent ouvertement les insurgés hostiles à Kadhafi: les Émirats ont participé aux frappes de l'OTAN, le Qatar s'est engagé à commercialiser le brut produit par les rebelles, et le Koweït leur a promis fin mai un important soutien financier.

Ali al-Nouaïmi, puissant ministre du Pétrole de l'Arabie saoudite, gendarme de l'OPEP, s'est pour sa part distingué par sa discrétion, rencontrant à plusieurs reprises les journalistes lundi à Vienne sans faire aucun commentaire sur la réunion à venir ni sur l'état du marché.