La nervosité persistait jeudi sur les marchés des matières premières, dont les cours faisaient preuve d'une très grande volatilité, au lendemain d'une forte correction liée aux vives inquiétudes sur la croissance en Chine et aux États-Unis.

Les prix de l'énergie, des métaux de base et des métaux précieux se sont de nouveau sensiblement repliés jeudi durant les échanges européens, avant de limiter leurs pertes.

Vers 12h30, les prix du baril pétrole perdaient 31 cents à 97,90 dollars à New York, et cédaient 1 cent à 112,56 dollars à Londres.

Ils avaient lâché près de 3 dollars un peu plus tôt en cours de séance, avant d'effacer leurs pertes et même de repasser brièvement en territoire positif au gré des fluctuations du dollar. Les cours du brut avaient dégringolé de plus de 5 dollars mercredi.

Les prix de l'essence, de leur côté, perdaient plus de 2% sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), après un effondrement de plus de 7% la veille.

Comme les derniers jours, les prix des matières premières ont pâti du renchérissement du dollar, qui rend moins attractifs les actifs libellés dans la monnaie américaine.

Le billet vert profite de la fragilité de l'euro, toujours plombé par la crise grecque et tombé jeudi à son plus bas niveau depuis le 1er avril face au dollar.

Les marchés réagissent par ailleurs à un regain d'inquiétudes macroéconomiques, déjà à l'origine le 5 mai d'une journée noire durant laquelle les cours s'étaient effondrés de concert.

«Le catalyseur pour ce nouveau recul des matières premières a surtout été un nouveau relèvement du taux des réserves obligatoires des banques en Chine», a expliqué Julian Jessop, analyste du cabinet d'études britannique Capital Economics.

Cette décision de la Banque centrale chinoise est destinée à contrer l'abondance de liquidités en circulation pour juguler l'inflation, la hausse des prix ayant atteint 5,3% sur un an en avril.

«La crainte est que les mesures de resserrement monétaire ne finissent par entamer la consommation chinoise de matières premières», avec un ralentissement de la croissance économique du géant asiatique, a relevé M. Jessop.

D'autant qu'une série d'indicateurs est venue exacerber les interrogations sur la vigueur de la reprise aux États-Unis.

Les ventes de détail ont ralenti plus que prévu en avril, et les nouvelles inscriptions aux allocations chômage ont reculé moins que prévu lors de la première semaine de mai.

Après l'annonce d'un nouveau bond des stocks de brut américains, «ces indicateurs sont des preuves supplémentaires que la demande diminue à mesure que les prix des matières premières, à commencer par le pétrole, montent à des niveaux excessivement élevés», relevait Julian Jessop.

L'Agence internationale de l'Énergie (AIE), dans son rapport mensuel publié jeudi, est venue confirmer ces craintes, en abaissant pour la première fois cette année ses prévisions de demande pétrolière mondiale pour 2011, en raison de «prix élevés» et d'une croissance moins forte dans les pays riches.

Les métaux précieux étaient aussi à la peine jeudi, l'or cotant à 1493,68 dollars l'once vers 12h30 sur le marché au comptant, soit un recul de 0,50%, tandis que l'once d'argent lâchait 3,7% à 33,55 dollars.

Le métal gris, qui avait plongé de plus de 25% la semaine dernière, est descendu jusqu'à 32,31 dollars, son plus bas niveau depuis fin février.

Baromètre du marché des métaux industriels, le cuivre a accentué ses pertes sur le London Metal Exchange, reculant à son plus bas niveau depuis décembre, avant de se ressaisir. Vers 11h30, il évoluait en hausse de 1,12% à 8.740 dollars.

De son côté, le contrat de référence du blé, échangé à Chicago, perdait 2,54%, tandis que le maïs parvenait à se stabiliser. Tous deux avaient chuté de plus de 4% la veille.