Le géant pétrolier britannique BP a engrangé une forte hausse de ses bénéfices au premier trimestre grâce à la remontée des cours de l'or noir et à un redressement de ses marges dans le raffinage, mais a subi parallèlement un nouveau gonflement de la facture de la marée noire.

Le bénéfice net part du groupe de BP a augmenté de 17% à 7,124 milliards de dollars US, reflétant un bond de 18,7% de son chiffre d'affaires, à 88,3 milliards de dollars, a détaillé la compagnie pétrolière dans un communiqué.

Cette forte progression s'explique d'une part par la forte appréciation des cours du brut depuis le début de l'année, qui a dopé les bénéfices du groupe dans l'amont (c'est-à-dire l'exploration et la production d'hydrocarbures), et d'autre part, par un redressement de ses activités dans l'aval (raffinage et distribution de carburant).

En revanche, le bénéfice ajusté, mesure préférée des analystes pour évaluer les performances du groupe, a reculé de 2% à 5,481 milliards de dollars, plombé par une charge supplémentaire de 384 millions liée à la marée noire du golfe du Mexique.

Cette nouvelle rallonge a porté à 41,3 milliards de dollars le total des charges provisionnées par le groupe depuis l'an dernier à cause de cette catastrophe, puisqu'il avait déjà passé 40,9 milliards de charges dans ses comptes 2010.

La production d'hydrocarbures du groupe a quant à elle chuté de 10,8% à 3,58 millions de barils équivalent pétrole par jour (mbep/j), reflétant la cession par BP de pans entiers de ses activités, dans le sillage de la marée noire.

Ces résultats, tout en confirmant le rétablissement financier du groupe, montrent qu'il est loin d'avoir complètement tourné la page de la marée noire.

Cette catastrophe, qui avait éclaté en avril 2010, lui a fait subir l'an dernier sa première perte annuelle depuis 1992, et l'a conduit à mettre en place un programme de cession d'actifs visant à récolter 30 milliards de dollars d'ici la fin de cette année, déjà exécuté à 80%.

Les investisseurs ont réservé un bon accueil à ces chiffres. Ce matin, l'action du groupe gagnait 1,02% à 469 pence, dans un marché londonien presque stable.

Comme l'a résumé Keith Bowman, analyste de la maison de courtage Hargreaves Lansdown, «BP continue à ressentir les contrecoups de la marée noire du golfe du Mexique», mais «dans l'ensemble, les investisseurs pensent qu'il peut se remettre de ce chapitre noir dans son histoire».

Le groupe, dirigé depuis l'automne dernier par l'Américain Bob Dudley, a tenté de rebondir ces derniers mois en signant des partenariats ambitieux dans l'exploration et la production d'hydrocarbures en Russie et en Inde. Mais son alliance avec le géant public russe du pétrole Rosneft, annoncée en fanfare à la mi-janvier, menace de virer au fiasco monumental.

Les partenaires de BP en Russie, qui s'estimaient lésés par cette alliance, ont réussi à faire bloquer en justice l'accord entre les deux groupes, même si la compagnie britannique espère toujours parvenir à l'appliquer au moins en partie.