En échange d'un bloc d'électricité pour augmenter sa production, l'aluminerie Alouette de Sept-Îles s'était engagée auprès du gouvernement québécois à créer un millier d'emplois dans la transformation du métal. Un an avant l'échéance de 10 ans, l'entreprise a fait savoir hier qu'elle a tenu parole et surtout, qu'elle est prête à recommencer s'il le faut pour continuer son expansion sur la Côte-Nord.

«On a toujours des projets de croissance», a indiqué hier Michel Gagnon, vice-président financement et développement des affaires de l'aluminerie.

L'aluminerie Alouette, dont le principal actionnaire est Rio Tinto Alcan, songe à une troisième phase d'expansion de ses installations de Sept-Îles, un projet estimé à 1,5 milliard. Contrairement aux autres alumineries de Rio Tinto Alcan, Alouette ne produit pas d'électricité. Son éventuelle expansion dépend donc de la volonté du gouvernement du Québec de lui accorder l'électricité nécessaire à un tarif intéressant.

S'il faut prendre d'autres engagements pour obtenir de l'énergie, Alouette le fera, dit M. Gagnon. L'entreprise a livré plus que ce qu'elle avait promis en 2002 au gouvernement de Bernard Landry en 2002, a-t-il souligné.

Alouette s'était engagée à créer 340 emplois supplémentaires dans son usine, 101 emplois chez les fournisseurs et surtout, 909 emplois dans la transformation du métal, pour un total de 1350 emplois. Le compte final est de 1617 emplois, dont 1176 dans la transformation.

Ces emplois ont été dûment vérifiés et acceptés comme conformes aux engagements par Investissement-Québec. L'organisme gouvernemental doit maintenant s'assurer que les nouveaux emplois existeront pendant une période de trois ans, a indiqué hier sa porte-parole, Josée Béland.

L'expérience d'Alouette indique qu'il est possible d'ajouter de la valeur aux lingots d'aluminium produits au Québec, mais pas dans les gros projets dont il a toujours rêvé, comme les pièces d'autos ou les canettes. Ce genre de projets est impossible au Québec, qui est trop loin des marchés de consommation de ces produits, affirme Michel Gagnon en connaissance de cause. Il a passé cinq ans à la SGF à tenter d'attirer ce genre de projets, sans succès.

Alouette a procédé autrement, en prenant contact directement avec les entreprises qui utilisaient déjà l'aluminium et en leur offrant du soutien technique et financier pour développer de nouveaux produits et de nouveaux marchés. À part quelques exceptions, dont Précicad, un fabricant de véhicules industriels tout en aluminium qui est une nouvelle entreprise, la plupart des emplois créés viennent donc d'entreprises existantes.

Selon Michel Gagnon, l'expérience pourrait être répétée parce qu'il y a encore beaucoup de potentiel dans la transformation d'aluminium.

Quant à l'augmentation de la capacité d'Alouette, le projet est sur la table, mais ce n'est pas pour demain. Le grand patron de Rio Tinto, Tom Albanese, de passage hier à Montréal, a indiqué qu'il n'était pas question d'augmenter substantiellement la production d'aluminium à court terme.

En ce qui concerne l'approvisionnement en électricité, la porte est ouverte. Une partie de l'énergie produite par les quatre centrales en construction sur la rivière Romaine, sur la Côte-Nord, pourrait servir à satisfaire les besoins de la grande industrie, a fait savoir hier le président-directeur général d'Hydro-Québec, Thierry Vandal.

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Aluminerie Alouette en un coup d'oeil

Phase 1 en 1992

245 000 tonnes par année

Phase 2 en 2005

575 000 tonnes par année

1000 employés

Actionnaires

Rio Tinto Alcan 40%

Austria Metall 20%

Hydro Aluminium (Norvège) 20%

SGF 13,3%

Marubeni (Japon) 6,57%