Le Nouveau-Brunswick envisage de construire une deuxième centrale nucléaire en vertu d'une entente signée avec le géant français Areva, selon ce qu'a annoncé le gouvernement de la province jeudi.

En vertu d'une lettre d'intention, Areva réalisera une étude de faisabilité concernant la construction d'un réacteur à eau ordinaire, le premier en son genre au Canada. En fonction des conclusions de l'étude, Areva gérerait la conception, la construction et le financement du réacteur. Énergie Nouveau-Brunswick serait responsable de l'exploitation et fournirait toutes les interventions techniques et réglementaires requises pendant le processus d'approbation.

Si cette centrale et un nouveau parc d'énergie renouvelable vont de l'avant, cela pourrait entraîner la création de 8000 emplois dans le secteur de la construction, et de quelque 500 postes permanents.

Le premier ministre Shawn Graham dit vouloir savoir si la construction d'une deuxième centrale nucléaire serait d'intérêt pour sa province, au moment où elle tente de se positionner comme plaque tournante de l'énergie dans le Canada atlantique.

«Le gouvernement du Nouveau-Brunswick est déterminé à miser davantage sur les sources d'énergie propre et renouvelable, a dit M. Graham. Un parc d'énergie propre offrirait également à notre secteur manufacturier des possibilités de développement et de construction dans ces technologies.»

Cette annonce de M. Graham survient deux mois avant la tenue d'élections générales, pendant lesquelles l'accès à une énergie renouvelable devrait constituer un enjeu important.

L'an dernier, le premier ministre libéral avait annoncé une entente de principe pour vendre Énergie NB à Hydro-Québec, dans le but de soulager la province du fardeau de la dette de ce service public. L'entente s'est toutefois effondrée devant la fureur de la population.

Areva et le gouvernement néo-brunswickois disent espérer qu'une entente détaillée puisse être négociée d'ici la fin de l'année.

«La technologie nucléaire de puissance moyenne d'Areva offre aux parcs d'énergies propres une option viable et fiable d'énergie verte, a indiqué par voie de communiqué le chef de la direction d'Areva, Jacques Besnainou. Nos produits sont parmi les plus sécuritaires de la planète, et la construction de ces installations créera des milliers d'emplois directs dans la construction et indirects pour les communautés dans lesquelles nous investissons.»

Le spécialiste des questions nucléaires de l'organisme environnemental Greenpeace Canada s'oppose toutefois à ce projet, estimant que la construction d'une nouvelle centrale nucléaire serait une erreur coûteuse.

«Tous les projets nucléaires entrepris au Canada ont connu des dépassements de coûts et des délais importants, a dit Shawn-Patrick Stensil. Tous les projets d'Areva dans le monde aussi. Si le Nouveau-Brunswick achète un nouveau réacteur, ça coûtera cher aux contribuables.»

M. Stensil est d'avis que la province devrait envisager d'autres types d'énergie renouvelable, comme l'énergie éolienne ou solaire.

Areva compte plus de 50 000 employés dans plus de 100 pays. Elle est présente dans plusieurs provinces canadiennes ainsi qu'au Nunavut.

Le Nouveau-Brunswick dispose de la seule centrale nucléaire dans les Maritimes, celle de Point Lepreau, qui est en rénovation. Ce projet accuse déjà 18 mois de retard et devrait coûter au moins 475 millions $ à la province.