Confrontés aux mêmes problèmes énergétiques, la minière québécoise Semafo et le gouvernement du Burkina Faso progressent dans leur projet de bâtir une centrale solaire à proximité de la mine d'or Mana, dans l'ouest du pays.

La mine de Mana, qui représente environ 65% des activités de Semafo, est actuellement alimentée grâce à une petite centrale diesel de 10 MW.

«Nous avons un problème d'énergie critique, car nous sommes à la merci des prix du pétrole», explique Elie Justin Ovedraogo, directeur national de Semafo au Burkina Faso, que La Presse Affaires a rencontré au congrès de l'Association des prospecteurs et développeurs miniers du Canada, à Toronto.

«Semafo a le même problème que le gouvernement», poursuit M. Ovedraogo, qui a été ministre de l'Énergie et des Mines à la fin des années 90. De fait, plus de 85% de l'énergie du Burkina Faso est produite dans les centrales thermiques.

La centrale solaire projetée aura une puissance de 20 MW. Cela représente grosso modo 10% de la capacité de production actuelle du Burkina Faso.

L'électricité produite appartiendra à la société nationale d'électricité SONABEL. Mais Semafo s'engage à lui racheter 16 MW. La mine Mana se trouvera ainsi reliée au système électrique national, mais conservera en réserve son système d'alimentation au diesel.

Le projet de centrale prend la forme d'un partenariat public-privé où Semafo détient une participation de 51%, comparativement à 49% pour l'État burkinabé. La Société financière internationale, organisme rattaché à la Banque mondiale, et la Banque ouest-africaine de développement participent aussi au projet.

Le coût sera d'au moins 75 millions de dollars, selon M. Ovedraogo. Mais le gouvernement burkinabé a déjà évoqué l'an dernier le chiffre de 60 milliards de francs CFA, l'équivalent de 128 millions CAN.

Annoncé au printemps 2009, le projet va bon train et se concrétisera, assure M. Ovedraogo. «Nous en arrivons bientôt à la présélection des entreprises, dit-il. Si tout va bien, la construction sera terminée à la fin de 2011.» Ce serait la première centrale solaire en Afrique de l'Ouest, soutient l'ancien ministre.

Si les résultats sont concluants, le partenariat pourrait même aboutir à la construction d'autres centrales solaires dans le pays. Le taux d'électrification atteint seulement 15% aujourd'hui au Burkina Faso, qui doit déjà importer 18% de l'énergie consommée.

Bond de 140%

Semafo, qui exploite trois mines d'or en Afrique de l'Ouest, dévoilera mercredi ses résultats pour le quatrième trimestre de 2009. Les analystes s'attendent à un bénéfice par action de 7,4 cents, comparativement à 5 cents au trimestre précédent.

Même si le titre de Semafo a grimpé de près de 140% depuis le mois de septembre à la Bourse de Toronto, huit des neuf analystes sondés par Bloomberg en recommandent toujours l'achat.

L'action a perdu 1,1% hier pour clôturer à 5,20$.