Les prix du pétrole se sont repliés vendredi, après quatre séances de hausse, les opérateurs s'inquiétant notamment de la progression des stocks pétroliers aux États-Unis.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en mars a terminé à 74,13 dollars, en baisse de 1,15 dollar par rapport à jeudi.

À Londres, sur l'InterContinentalExchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique a perdu 1,22 dollar à 72,90 dollars.

«Un renforcement du dollar, des stocks baissiers, ajoutés à une tendance actuelle des prix à la baisse: tout cela a continué à tirer les cours vers le bas», a résumé Jason Schenker, de Prestige Economics.

La monnaie américaine a touché vendredi son plus haut niveau depuis mai dernier face à l'euro, tombé à 1,3552 dollar, ce qui a réduit l'attrait des matières premières vendues en dollars pour les investisseurs munis d'autres devises.

Déjà en baisse en début de séance, les cours ont creusé leurs pertes après la publication des statistiques hebdomadaires du département américain de l'Energie sur les réserves pétrolières du pays. Leur diffusion avait été retardée de deux jours en raison de la neige qui avait paralysé Washington dans la semaine.

«C'est un rapport très baissier», a estimé Jason Schenker. «Il comporte des surprises à tous les niveaux, toutes baissières».

Les stocks de brut ont augmenté pour la quatrième semaine d'affilée, de 2,4 millions de barils, bien au-delà des attentes des analystes, qui prévoyaient une hausse de seulement 1,3 million de barils.

Les réserves d'essence ont augmenté de 2,3 millions de barils, alors que les analystes ne prévoyaient qu'une progression de 100.000 barils.

Les stocks de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage), très suivis en période hivernale, ont eux reculé de 300.000 barils, mais bien moins que le recul de 1,8 million de barils attendu.

Les opérateurs se sont également inquiétés de la décision de la Banque centrale de Chine de relever une nouvelle fois le taux de réserves obligatoires des banques.

«La conclusion (du marché), c'est que cette tentative de refroidir une économie en surchauffe concerne directement la croissance de la demande d'énergie de la Chine, qui contribue de manière importante depuis plusieurs années à la montée des prix du brut», a commenté Mike Fitzpatrick, de MF Global.

Dans son rapport mensuel, publié jeudi, l'Agence internationale de l'Energie estime ainsi que la croissance de la consommation mondiale cette année viendra «entièrement» des pays émergents (hors-OCDE), notamment en Chine. Elle évoque en revanche une «reprise sans pétrole» dans l'OCDE, liée aux modifications structurelles des comportements en faveur d'énergies moins polluantes, notamment en matière de chauffage.

«La débâcle économique actuelle a tellement affecté la demande et réduit les marges de raffinages que (le groupe français) Total prévoit de réduire davantage ses capacités de raffinage en Europe cette année», a relevé Mike Fitzpatrick.