La famille Rémillard veut investir plus d'une centaine de millions pour transformer les déchets qu'elle collecte en électricité qui serait vendue à Hydro-Québec.

RCI Technologies, entreprise dont le principal actionnaire est la Corporation Maybach de Lucien et Julien Rémillard, a déposé pas moins de trois projets dans le cadre d'un appel d'offres lancé par Hydro-Québec pour acheter de l'électricité produite avec de la biomasse.

RCI Technologies veut transformer les déchets acheminés à trois de ses centres de collecte à Montréal, Longueuil et Gatineau en électricité. Pour y arriver, l'entreprise devra construire trois usines de biométhanisation et acheter des turbines pour transformer le biogaz en électricité.

Les biodigesteurs qui transforment les déchets en gaz coûtent 30 millions de dollars chacun et RCI devra investir 30 millions de plus pour les trois turbines-génératrices qui transformeront ce gaz en électricité, a expliqué Jean Beaudoin, vice-président et responsable du développement stratégique de RCI.

Pour rentabiliser cet investissement, RCI mise sur la vente de l'électricité à Hydro-Québec pendant 20 ans, a-t-il précisé.

Selon lui, le prix proposé à Hydro est comparable à celui de l'énergie éolienne (autour de 10 cents le kilowattheure). Au total, les trois projets produiraient 12 mégawatts d'électricité, soit assez d'énergie pour satisfaire la consommation annuelle de 2000 familles.

RCI entend aussi utiliser les sous-produits de la biométhanisation pour fabriquer des granules qui seraient vendus à des fins de chauffage industriel. C'est une autre entreprise du groupe, Gestion environnementale Nord-Sud, qui fabriquerait et vendrait les granules.

Jean Beaudoin est confiant de voir ses projets bien accueillis par Hydro. La société d'État a reçu des propositions totalisant seulement 65,6 mégawatts, alors qu'elle aurait voulu en acheter deux fois plus, soit 125 mégawatts. Un des objectifs de cet appel d'offres était d'aider les sociétés papetières, qui vivent une crise aiguë et qui peuvent réduire leurs coûts de fabrication en transformant les résidus de bois en énergie. Mais seulement deux sociétés papetières ont répondu à l'appel dont une, Papiers Fraser, s'est placée depuis sous la protection des tribunaux pour éviter la faillite.

Par contre, les entreprises de collecte des déchets ne se sont pas fait dire deux fois que les biogaz sont désormais considérés comme de la biomasse par le gouvernement du Québec. Sept des dix propositions soumises à Hydro-Québec l'ont été par des entreprises de collecte des déchets.

En plus des trois projets de la famille Rémillard, le géant du Texas Waste Management est sur les rangs pour produire 7,6 mégawatts d'électricité avec les déchets de son site de Saint-Nicéphore. Dans ce cas, l'investissement serait seulement de 13 millions, a fait savoir son porte-parole, Martin Dussault, parce que l'équipement pour la captation des biogaz est déjà en place.

Waste Management s'est trouvé un partenaire qui utiliserait la vapeur produite par la transformation des déchets en gaz et en électricité. Il s'agit des Productions horticoles Demers, une serre qui s'installerait à côté du site de Saint-Nicéphore.

Le prix du kilowattheure proposé à Hydro est «compétitif», soutient lui aussi Martin Dussault.

La transformation des déchets en énergie existe depuis longtemps, mais n'est que très peu développée au Québec. Waste Management alimente en biogaz une usine du groupe Cascades, à Saint-Jérôme. Une autre firme, EBI Énergie, de Lanaudière, qui a aussi déposé un projet dans le cadre de l'appel d'offres d'Hydro-Québec, produit déjà du biogaz et le purifie pour le vendre dans le réseau de Gaz Métro.

À part ces quelques projets isolés, la plus grande partie des biogaz est brûlée sur les sites. L'appel d'offres d'Hydro-Québec fera peut-être naître une nouvelle industrie au Québec. La société d'État identifiera à la mi-décembre les projets qu'elle aura retenus et leurs promoteurs devront livrer leurs premiers kilowattheures le 1er janvier 2012.