Des petits producteurs d'électricité comme Boralex (T.BLX) pourraient souffrir si Hydro-Québec réussit à mettre la main sur Énergie NB et double ses exportations vers le nord-est des États-Unis.

L'arrivée d'une plus grande quantité d'énergie sur le marché américain pourrait faire baisser les prix, s'est inquiété hier le président et chef de la direction de Boralex, Patrick Lemaire, lors d'une conférence téléphonique avec les analystes à l'occasion de la publication des résultats du troisième trimestre.

 

L'impact de cette transaction n'est pas encore clair, a précisé M. Lemaire lors d'un entretien avec La Presse Affaires. Il pourrait être négatif ou positif pour Boralex, selon lui.

Si Hydro fait baisser le prix de l'électricité en Nouvelle-Angleterre et déséquilibre le marché, les producteurs comme Boralex qui vendent de l'énergie aux États-Unis en souffriront. «Mais la FERC (l'organisme de réglementation du marché américain de l'énergie) va surveiller pour empêcher que ça arrive», espère M. Lemaire.

Boralex croit aussi que si Hydro accroît sensiblement sa part du marché américain, elle aura besoin de l'énergie des petits producteurs comme Boralex pour satisfaire la demande interne. Boralex pourrait donc vendre son énergie à Hydro-Québec, notamment en hiver quand les besoins du réseau québécois sont énormes, croit Patrick Lemaire.

Le troisième trimestre a été dur pour Boralex, qui vend une bonne partie de son énergie sur le marché à court terme (spot). La récession a fait plonger le prix de l'électricité à des niveaux très bas, ce qui explique la chute de 88% des profits de Boralex. Le bénéfice net a été de 698 000$ ou 2 cents par action, comparativement à 5,7 millions ou 15 cents l'action pour la même période l'an dernier. Les revenus du trimestre ont fléchi de 19%, à 39,7 millions.

Ces résultats sont en deçà des attentes du marché, qui misait sur un bénéfice net de 5 cents par action, plutôt que de 2 cents. Le titre a laissé 34 cents hier à la Bourse de Toronto, à 8,28$, en baisse de 4%. Depuis le début de l'année, le titre a varié entre un creux de 5$ et un sommet de 10,98$.

Au troisième trimestre, Boralex a vendu de l'électricité à un prix inférieur de 49% à ce qu'il était l'an dernier, a précisé Patrick Lemaire. À certaines périodes au cours du trimestre, le prix du kilowattheure était inférieur à 3 cents, a-t-il dit.

Cette déprime du prix de l'électricité affecte tous les exportateurs, y compris Hydro-Québec qui dévoile aujourd'hui ses résultats du troisième trimestre, mais elle tire peut-être à sa fin. Avec le retour des températures plus basses et l'économie qui reprend du mieux, les prix commencent à se redresser, a indiqué Patrick Lemaire.