Les prix du pétrole ont chuté lundi à New  York, le baril de référence cédant 3,8% et tombant sous les 67$, dans un marché plombé par les prévisions de croissance de la Banque mondiale et ignorant les inquiétudes entourant l'Iran et le Nigeria.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en juillet a terminé à 66,93$, en baisse de 2,62$ par rapport à son cours de clôture de vendredi, pour son dernier jour de cotation.

Le contrat pour livraison en août, qui prendra le relais mardi, a clôturé à 67,50$.

Le marché se concentrait sur les nouvelles prévisions de la Banque mondiale, a rapporté Andy Lipow, de Lipow Oil Associates, craignant que la hausse récente des prix de l'or noir ne soit exagérée par rapport aux espoirs de reprise.

«La Banque mondiale prédit une récession un peu plus sévère que lors de ses précédentes prévisions, avec une contraction de 2,9% de l'économie mondiale», a souligné l'analyste.

L'institution a indiqué par ailleurs qu'elle prévoyait une croissance de 1,2% dans les pays en développement cette année, et en excluant la Chine et l'Inde, un produit intérieur brut en recul de 1,6%.

Aux États-Unis, l'expiration du contrat pour livraison en juillet a ajouté un élément de faiblesse sur le marché. Autre élément du marché américain, les investisseurs surveillaient de près les réserves d'essence, qui se remplissent à un moment où elles devraient reculer avec les grands départs en vacances.

«On se rapproche rapidement du 4 juillet (la fête nationale américaine), le marché va regarder les réserves» jusqu'au premier week-end de septembre (qui marque la fin de l'été), a indiqué Andy Lipow, précisant que le marché paraissait «alimenté de manière adéquate».

«À l'approche de la saison des grands départs, le marché avait intégré dans les prix des réserves d'essence restreintes, mais à l'évidence cela n'est pas le cas», a également estimé Mike Fitzpatrick, de MF Global.

De plus, la monnaie américaine était en hausse, ce qui érodait le pouvoir d'achat des investisseurs munis d'autres devises.

Ces inquiétudes ont éclipsé les tensions géopolitiques au sein de deux fournisseurs importants d'or noir: le Nigeria et l'Iran.

Blé, maïs et soja chutent aussi

Les prix du blé, maïs et soja ont eux aussi chuté lundi sur le marché à terme de Chicago, emportés par le recul marqué des Bourses et des cours du pétrole, sur fond d'inquiétudes pour les perspectives économiques mondiales.

La révision de la Banque mondiale touche particulièrement les pays en développement, où la croissance devrait être limitée à 1,2% cette année.

Cette annonce a refroidi les espoirs de reprise rapide de l'activité mondiale, et donc de la consommation de matières premières. Elle s'est traduite par un fort repli de Wall Street et des cours du pétrole, «une combinaison baissière pour toutes les matières premières agricoles», a rappelé Victor Lespinasse, analyste du site spécialisé Grainanalyst.com.

L'évolution des Bourses, comme du baril d'or noir, constitue en effet un baromètre de l'optimisme du marché quant aux perspectives économiques. Le soja et le maïs, utilisés pour la fabrication de biocarburants, sont en outre particulièrement sensibles aux mouvements du pétrole.

«Un autre important facteur baissier est l'amélioration des conditions météorologiques dans les principales zones de cultures américaines», a estimé M. Lespinasse.

Alors que la moisson a commencé pour le blé, que le soja est en train d'être semé et que les pousses de maïs se développent, le maintien d'un temps favorable est vécu avec soulagement par les opérateurs, rassurés sur l'abondance de la production à venir.

Des épisodes de gel ou de sécheresse à la fin de l'hiver avaient fait craindre le pire pour le blé, et la pluie a longtemps perturbé les semis de maïs et soja, rappelant en outre la possibilité de revivre des inondations destructrices dans le Midwest, comme l'an dernier.

Le contrat de blé pour livraison en septembre a reculé de 9,50 cents à 5,75$ le boisseau (environ 25 kg).

Le contrat de graines de soja à échéance novembre a perdu 25 cents à 9,81$.

Le contrat de maïs à échéance décembre a cédé 14 cents à 4,0550$.

L'huile de soja et les tourteaux ont aussi fini en baisse.