Que fait un boutefeu? À quoi ressemble le quotidien d'un animalier ou d'un détective privé? Pour le savoir, La Presse les a rencontrés pour vous. Regard sur des métiers inusités, rares ou méconnus.

Derrière chaque grand feu d'artifice qui illumine le ciel se cache un artificier. Yanick Roy, qui met le feu aux poudres depuis près de 20 ans, nous parle de son métier hors du commun.

Les feux d'artifice, c'est une histoire de famille chez les Roy. Le père de Yanick vendait des pétards à mèche dans les dépanneurs avant de fonder Royal Pyrotechnie en 1966.

«On peut dire que je suis né dans une bassinette de poudre, raconte en riant Yanick Roy. Quand j'étais jeune, je suivais mon père partout.»

Même si, «comme tous les petits gars», il aimait bien les pétards, c'est à 18 ans qu'il a officiellement décidé de suivre les traces de son paternel. «J'ai suivi la formation obligatoire et j'ai obtenu ma carte de compétence», explique Yanick Roy. Le programme de certification est étonnamment court: il ne faut qu'une journée pour obtenir le droit d'utiliser des pièces pyrotechniques.

Aujourd'hui, à 39 ans, Yanick Roy tient les rênes de l'entreprise familiale qui réalise 300 feux par an, en plus d'en être le directeur artistique.

Au bureau

Chaque matin, l'artificier répond aux courriels et fait le tour de l'entreprise pour s'assurer que tout est sous contrôle. Il répond aux questions des clients, planifie les prochains contrats et s'occupe de la paperasse et de la comptabilité.

Yanick Roy conçoit aussi les feux d'artifice. Avant toute chose, il fignole la trame sonore. Vient ensuite la création pyrotechnique. Dans un logiciel - tout est informatisé -, le concepteur insère une à une les pièces qui seront lancées, de l'envolée à la grande finale. La précision est de mise: il doit connaître chaque feu d'artifice, et le temps que ça lui prend pour atteindre le ciel et exploser.

Ses inspirations? «La thématique m'aide beaucoup. Si c'est pour la Saint-Jean-Baptiste, c'est sûr qu'il y aura du blanc et du bleu, par exemple. Même chose pour le Mondial des cultures de Drummondville, où on met en valeur le pays représenté», illustre-t-il.

Sur le terrain

Les journées de feux commencent tôt et se finissent tard. «Les artificiers sont les premiers arrivés et les derniers à partir», soutient Yanick Roy. L'équipe se réunit d'abord au bureau pour charger le camion de pièces pyrotechniques.

Une fois sur les lieux, l'artificier rencontre les organisateurs et délimite le périmètre de sécurité. Il place les pièces, mèche les explosifs et vérifie le tout. Quand c'est à son tour de jouer, il suit le plan de tir et procède au lancement. L'équipe fait ensuite le démontage de tout l'équipement. De longues heures de travail pour quelques minutes de divertissement.

«Ma mission est de donner du plaisir au public, de les émouvoir. Recevoir une ovation de milliers de personnes, c'est magique. Mais la plupart des gens ne se rendent pas compte de tout le travail qu'il y a derrière», croit Yanick Roy.

L'artificier doit être endurant et en bonne forme physique puisque les pièces (le mortier, notamment) sont lourdes. C'est un métier dangereux, qui demande de la minutie et qui exige d'accorder la priorité à la sécurité.

Malgré tout, il ne se verrait pas faire autre chose. «J'ai encore la passion. Et je suis fier d'avoir remporté deux Jupiter d'or à l'International des feux Loto-Québec, qui sont comme les Jeux olympiques de la pyrotechnie.» Yanick Roy est décidément tout feu tout flamme dans sa profession.