Comment les grèves étudiantes affecteront-elles l'apport de sang neuf à l'effectif infirmier du Québec?

«Globalement, c'est difficile à évaluer, répond Lise Denis, directrice générale de l'Association québécoise des établissements de santé et de services sociaux. «On sait qu'il va y avoir des impacts, mais on va davantage les sentir à Montréal, à Sherbrooke et en Outaouais, parce que c'est là qu'il y a le plus d'interruptions de cours.»

La formation universitaire est peu touchée par la grève. Ce sont les cohortes collégiales qui risquent d'être anémiques.

Bon an mal an, environ 2500 nouvelles infirmières apparaissent au tableau de l'Ordre des infirmières. En 2010-2011, 73% étaient titulaires d'un DEC et 12% d'un bac, les autres ayant été formées à l'extérieur du Québec. C'est dire l'importance du contingent collégial pour la relève.

Les étudiantes qui ont complété leur deuxième année sur les trois de leur formation sont habituellement recrutées pour les remplacements des vacances estivales et de Noël. «Les vacances dans le réseau commencent à la mi-mai», rappelle la directrice générale.

Les finissantes commencent habituellement à travailler dès l'obtention de leur diplôme, en attendant de réussir l'examen de l'Ordre, tenu en septembre.

«Un report du trimestre veut dire qu'une cohorte est décalée de six mois ou un an, observe Mme Denis. On peut penser qu'il faudra des ajustements pour passer les examens.»

Le 23 avril dernier, l'OIIQ a avisé les étudiants que les dates d'examen étaient maintenues aux 22, 23 et 24 septembre.

Un déficit régional pourra difficilement être étalé sur les régions moins touchées. Les régions de Montréal, Laval et Montérégie accaparent 42,4% de l'effectif infirmier au Québec. Avec les 3,3% de l'Outaouais et les 4,4% de l'Estrie, on atteint 50%.

Les régions de Montréal et de Sherbrooke, particulièrement, intègrent une forte proportion de leurs finissants, soit respectivement 77% et 84% en 2010-2011.

Que l'issue de la grève soit prochaine ou lointaine, les centres de santé devront faire appel au temps supplémentaire et à la main-d'oeuvre indépendante - toutes mesures impopulaires et coûteuses. «Il y a un coût financier, qu'on pourra évaluer au moment où on sera capable de voir exactement de combien de gens on parle, mais il y a aussi un coût humain, insiste Lise Denis. Le temps supplémentaire amène auprès de nos infirmières beaucoup d'épuisement professionnel.»

«On va devoir faire des petits miracles, ajoute-t-elle. Ultimement, ça peut avoir de l'impact sur la disponibilité des services.»