On dit souvent qu'on ne choisit pas sa famille, mais on ne choisit pas son patron non plus. À moins de changer d'employeur comme on change de chemise. Alain Samson a écrit le livre Mon boss chez le psy pour donner des trucs aux gens qui ont à subir un patron pénible.

Vous travaillez dans une firme de design industriel. Vous êtes à la tête d'une équipe qui bosse sur un projet important de création d'un nouveau concept de table de travail. Alors que le projet est presque terminé, vous avez une idée qui ajoute un petit plus intéressant au concept. Par contre, cela signifie qu'il faudra faire quelques modifications au design. Vous demandez au patron si vous pouvez aller de l'avant mais, comme d'habitude, il vous dit qu'il y pensera et il ne vous donne jamais de réponse.

«Dans un cas comme celui-là, vous devez vous confronter à votre patron, mais de façon à ce qu'il le prenne bien. Il doit comprendre qu'il gagnera à vous donner une réponse», explique Alain Samson.

L'auteur conseille alors de dire à son patron que vous aimeriez mieux faire votre travail, mais que pour y arriver, vous avez besoin d'une réponse à votre question. «S'il vous dit tout de même de lui laisser le temps d'y penser, vous lui dites que c'est correct, mais que si vous n'avez pas eu une réponse tel jour, vous supposerez que vous pouvez aller de l'avant. Cela va l'inciter à bouger», affirme M. Samson.

Autre stratégie: expliquer l'impact du délai de réponse.

«Vous dites à votre patron, par exemple, que le fait d'attendre trois jours avant d'avoir sa réponse vous oblige à retarder des sous-traitants et que certains ne sont pas contents. Peut-être qu'il n'est pas conscient que son comportement est irritant. Parfois, il suffit de le dire pour que les choses changent», croit l'auteur.

Si votre patron vous revient rapidement avec une réponse, l'auteur vous conseille de le féliciter.

«On a souvent tendance à penser que les félicitations doivent être descendantes, mais elles peuvent aussi être ascendantes. De plus, les gens ont tendance à répéter les comportements félicités. Ainsi, on prend un patron imparfait et on l'amène à devenir quelqu'un avec qui on pourra grandir et développer ses talents», précise Alain Samson.

Les types de patrons pénibles

En réalisant les recherches nécessaires à l'écriture de son livre, Alain Samson a réalisé que certains types de patrons désagréables sont plus fréquents que d'autres.

Par exemple, celui qui confie un mandat à un employé en lui disant qu'il lui fait confiance pour ensuite intervenir à chaque étape.

«Ça horripile surtout les 30 ans et moins. La génération Y valorise beaucoup l'autonomie. Ils déconnectent émotionnellement s'ils sentent que leur patron semble douter d'eux. Les générations antérieures ne s'en font pas trop avec ça puisqu'elles sont entrées sur le marché du travail en apprenant à se taire», explique M. Samson.

Autre comportement hautement irritant très fréquent chez les patrons: culpabiliser ceux qui ne travaillent pas 60 heures par semaine.

«Généralement, ce sont des patrons plus âgés qui font ça parce qu'ils ont dû eux-mêmes se surinvestir pour faire leur place sur le marché du travail. Ils doivent comprendre qu'aujourd'hui, ce n'est plus la norme de travailler 60 heures par semaine. Ce sont les résultats qui comptent et la conciliation travail-famille est devenue importante», explique M. Samson.

Les causes désespérées

Le livre Mon boss chez le psy donne des trucs aux travailleurs pour amener leur patron à changer ces comportements et bien d'autres. Toutefois, l'auteur est convaincu qu'avec certains types de patron, une seule solution s'impose: se sauver en courant!

«Celui qui vous fait des avances. Il y en a que ça flatte, mais malheureusement, le jour où le patron ne voudra plus de vous, vous serez dehors! Ensuite, les patrons qui vous demandent de commettre des gestes illégaux.»

Il faut aussi fuir ceux qui pratiquent le népotisme, d'après l'auteur.

«Par exemple, celui qui donne seulement des promotions aux membres de sa famille. Arrêtez de vous éreinter dans cette entreprise et trouvez-en une où on reconnaîtra vos talents. Aussi, le patron très paternaliste qui dit que l'entreprise est une grande famille et qui ne vous paye pas à votre juste valeur. Une entreprise, ce n'est pas une famille.»