À la retraite depuis plusieurs années, Hélène était agente de bord pour une grande compagnie aérienne. Son généreux régime de retraite lui assure de vieux jours sans soucis financiers, mais il y a quelques années, elle a décidé de retourner sur le marché du travail pour demeurer active. Elle a opté pour une boutique de décoration intérieure qu'elle avait toujours beaucoup aimée. Or, après un an et demi, elle en a eu marre!

«Je suis partie parce que je ne parvenais pas à obtenir mon horaire de travail avant le vendredi après-midi, pour la semaine suivante. Ça me forçait à annuler des rendez-vous avec le médecin ou avec des amis», explique celle qui acceptait pourtant de travailler un jour de fin de semaine sur deux et certains soirs.

Pour Jean-Louis Bazin, président par intérim du Conseil des aînés, il ne fait aucun doute que dans plusieurs secteurs d'activité où la main-d'oeuvre se fait rare, les entreprises doivent s'adapter aux réalités des gens de 55 ans et plus pour leur offrir des milieux de travail intéressant. Cela peut prendre différentes formes.

«Par exemple, dans certains secteurs de la Floride où la population est âgée, les supermarchés et les chaines de restauration rapide doivent se tourner vers les gens de 55 ans et plus lorsque vient le temps d'embaucher. L'organisation du travail doit être repensée. Les quarts de travail doivent être plus courts et on doit mettre des sièges pour les emballeurs et les caissiers des supermarchés», explique M. Bazin.

On peut aussi changer la nature de l'emploi pour répondre davantage aux besoins et désirs de la personne.

«Dans le secteur minier par exemple, rendu à 55 ou 60 ans, on n'a plus nécessairement envie de descendre dans le fond de la mine. On peut par contre être très efficace dans un travail de bureau. Il ne faut pas hésiter, en tant qu'employeur, à amener ces gens à développer d'autres compétences, à leur donner de la formation», affirme le président par intérim du Conseil des aînés, organisme derrière les Journées sur le vieillissement actif qui se tiendront au Palais des congrès de Montréal les 20 et 21 mai.

Chez RONA, entreprise qui emploie une proportion importante de gens de 50 ans et plus, on s'assure toujours pendant l'entrevue d'aller chercher les intérêts de la personne pour lui trouver le meilleur emploi possible, affirme Catherine Girard, conseillère en recrutement.

«Un jeune plein d'énergie peut travailler à l'extérieur, à transporter des sacs de terre. Un préretraité qui veut voir du monde sans travailler physiquement peut être au service à la clientèle et quelqu'un qui a des connaissances pointues dans un domaine comme un ancien plombier peut travailler dans le rayon de la plomberie», explique-t-elle.

Mine d'or pour les plus jeunes

Le mentorat peut aussi être un gros plus pour les entreprises. «Les plus vieux ont appris beaucoup de choses qui ne s'apprennent pas nécessairement dans le système d'éducation, croit M. Bazin. C'est important que le transfert d'expertise se fasse avec les jeunes. Ça peut aussi être très intéressant pour les gens qui ont été cadres et qui ont encore de l'énergie, mais qui n'ont plus envie d'avoir d'aussi grosses responsabilités.»

Évidemment, pour arriver à ce genre de modèle, les dirigeants des entreprises et les syndicats doivent travailler ensemble pour assouplir l'organisation du travail.

En plus d'atténuer la problématique de la pénurie de main-d'oeuvre, certaines entreprises découvrent d'autres avantages à embaucher des gens plus âgés.

«Nous avons réalisé que ce sont des gens fiables, loyaux et qui ont le sens du devoir, indique Mme Girard. Ils ont aussi une bonne base d'expérience, un bon savoir-être, ils sont de bons mentors auprès des jeunes et en plus, qu'ils sont aimés des clients.»