L'acquisition de Rona par Lowe's suscite des réactions variées parmi les propriétaires de quincailleries de proximité Rona L'express et ACE. Tandis que certains espèrent voir leurs coûts d'approvisionnement diminuer, d'autres s'inquiètent du manque d'expertise de Lowe's avec les petites surfaces.

« J'ai confiance. Ça va donner plus de ressources, plus de puissance, plus de pouvoir d'achat à l'entreprise », croit un marchand propriétaire de Montréal qui préfère conserver l'anonymat.

À son avis, Rona favorise trop les fournisseurs du Québec. Cette préoccupation, même s'il la trouve bien noble, fait grimper ses coûts d'approvisionnement et ses prix de détail. Résultat : sa compétitivité s'en trouve réduite. « Lowe's va davantage regarder le bottom line [les profits]. Ça va nous avantager. »

Le détaillant espère aussi que l'arrivée de Lowe's fera augmenter la variété des produits qui lui sont offerts. Les marchands affiliés à Home Hardware, affirme-t-il, ont beaucoup plus de choix, notamment au rayon des produits ménagers.

Se disant « très déçue de Rona ces dernières années », Delphine Grégoire croit également que la vente de l'entreprise pourrait améliorer les choses. Propriétaire d'un Rona L'express rue Ontario, à Montréal, elle déplore les prix trop élevés, les ruptures de stock fréquentes, les programmes publicitaires mal adaptés aux petites surfaces et la faiblesse du site web.

« Le pire et le mieux peuvent arriver, philosophe-t-elle. J'attends impatiemment des nouvelles. »

INQUIÉTUDES

Loin d'être convaincu que Lowe's « va vouloir baisser [les] coûtants », Denis Boulais, à Marieville, en Montérégie, ne cache pas ses inquiétudes.

À Chicoutimi, la propriétaire d'une quincaillerie ACE (une autre enseigne pour les petites surfaces affiliées à Rona), France Girard, souligne la même préoccupation que son confrère, étant donné que Lowe's possède exclusivement des grandes surfaces. « On n'a pas le choix, on subit ! »

« C'est déjà une jungle. Les petits, on est courtisés de toutes parts. Et là, on va l'être encore plus », déplore celle qui a acheté son commerce il y a moins d'un an et qui n'a pas envie de changer de fournisseur.

UN BONBON

La transaction de 3,2 milliards annoncée mercredi est un « bonbon qui tombe du ciel » pour Serge Lemay, propriétaire depuis 26 ans d'une petite quincaillerie Rona L'express rue La Fontaine, à Montréal.

« J'ai l'âge de la retraite alors pour moi, c'est très bénéfique. La valeur de mes actions a doublé », se réjouit l'homme d'affaires qui va fermer son commerce en mars, faute d'acheteur intéressé. Son cas n'est pas unique. Le manque de relève entrepreneuriale a déjà été soulevé par la direction de Rona comme étant un défi de taille à relever.