Future Shop appartient désormais au passé au Canada. Dès samedi, 66 magasins ont été définitivement fermés et 65 autres rouvriront sous la bannière Best Buy dans une semaine. Cette restructuration entraîne la disparition des Futures Shop et l'abolition de 500 postes à temps plein et 1000 postes à temps partiel.

«Les décisions ayant un effet sur nos effectifs ne sont jamais prises à la légère; notre priorité absolue est de les aider lors de ce changement et leur offrir notre soutien», a déclaré Ron Wilson, président et directeur de l'exploitation de Best Buy Canada.

Future Shop avait été acheté par le géant américain Best Buy en 2001 pour la somme de 580 millions de dollars.

Certains employés pourront être intégrés aux boutiques Best Buy. Les autres se retrouvent aujourd'hui sans emploi. «Les employés touchés bénéficieront d'une indemnité de départ, de programmes d'aide aux employés et de transition professionnelle», assure M. Wilson.

Le syndicat des Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce (TUAC) au Québec déplore la façon dont les employés ont mis devant le fait accompli en apprenant la nouvelle samedi matin.

«C'est la façon de faire des Américains et c'est un manque de respect pour les travailleurs, c'est une journée triste pour les travailleurs», affirme Roxane Larouche, porte-parole des TUAC. Cette dernière ajoute que la fermeture du Future Shop à Boucherville l'été dernier laissait déjà penser que l'entreprise traversait une période difficile.

Best Buy comprend maintenant 192 magasins à travers le pays.

Future Shop a répondu à notre demande d'entrevue en renvoyant le communiqué de presse, mais n'a pas rappelé La Presse.

Devant la boutique du Marché Central, plusieurs clients sont demeurés perplexes en lisant l'affiche qui annonçait la fermeture du magasin. «Ce magasin est définitivement fermé, pouvait-on lire. Nous vous remercions de votre soutien, nous serons heureux de vous servir dans un magasin Best Buy à proximité.»

Du papier brun recouvrait les fenêtres empêchant les clients de voir à l'intérieur. Si certains clients poursuivaient leur chemin sans trop d'états d'âme pour cette fermeture, d'autres s'inquiétaient. «Que va-t-il arriver avec nos garantis prolongées?», se questionnait Dominique Roy. Sa mère Lise était déçue de ne pas pouvoir profiter d'un rabais sur les montres fitness et espérait que Best Buy honore les prix du Future Shop.

Un homme qui devait aller chercher son cellulaire en réparation s'expliquait mal pourquoi il n'avait pas été informé de cette fermeture. Il est reparti bredouille. Une autre dame qui venait payer une facture ne savait plus vers qui se tourner.

Aucune affiche ne répondait aux questions des clients. Dans son communiqué toutefois, Best Buy confirme que cartes-cadeaux Future Shop seront acceptées dans tous les magasins Best Buy au Canada et à bestbuy.ca.

«Les commandes de produits en cours, les rendez-vous de service et les garanties continueront d'être respectés. Les achats Future Shop pouvant être retournés ou échangés seront acceptés dans tous les magasins Best Buy», précise le communiqué.

Ouvert en 1982, Future Shop est devenu le plus grand détaillant de produits électroniques au Canada dans les années 90.

«Tout au long des années 1990, Future Shop a poursuivi son expansion dans le reste des provinces canadiennes et au cours de l'exercice financier 2001, ses ventes annuelles dépassaient 2 milliards de dollars», peut-on lire sur le site de Future Shop. Il est également indiqué que la bannière comptait 10 000 employés.

Ces dernières années toutefois, la rentabilité n'était plus au rendez-vous. Jacques Nantel, professeur de marketing au HEC n'a d'ailleurs pas été surpris d'apprendre la fin des Future Shop. «C'était juste une question de temps depuis 2 ans, dit-il. Très rapidement [après le rachat par Best Buy] les deux réseaux se sont ramassés côte à côté. Depuis 5 ans c'était évident qu'il y avait trop de pied carré pour la population.»

Ces deux dernières années Best Buy a fermé 400 magasins un peu partout en Amérique du Nord souligne M. Nantel ce qui ne laissait plus de place au doute quant aux difficultés de l'entreprise.

Comme M. Nantel l'explique, Best Buy perd des parts de marché aux profits du commerce en ligne. Quelque «35 % des ventes de produits électroniques passent par le web mais cela ne représentait que 15 % des ventes de Best Buy et Future Shop, en 2013, autrement dit ils perdaient des parts de marché.»

«Ça m'étonne toujours de voir à quel point les détaillants sont lents à réagir sur un truc terriblement prévisible», ajoute-t-il. La même chose se produit avec Bureau en Gros.

CAPTURE D'ÉCRAN

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Des clients se sont heurtés à des portes fermées au Future Shop du Marché Central, samedi matin.