Le ralentissement de la production des chasseurs F-35 aura des répercussions pour Héroux-Devtek, mais l'équipementier aéronautique demeure confiant.

«À moyen et à long terme, ce sera un excellent programme, a déclaré le président et chef de la direction d'Héroux-Devtek, Gilles Labbé, dans un entretien téléphonique avec La Presse Affaires en marge de la divulgation des résultats du troisième trimestre hier. Ils vendent de plus en plus d'appareils à l'étranger, le Japon a passé une commande. Mais il y a des enjeux à court terme que nous devrons gérer.»

Les résultats solides d'Héroux-Devtek ont toutefois rassénéré les investisseurs: le titre a grimpé de 39 cents pour clôturer à 8,24 dollars à la Bourse de Toronto hier, soit un gain de 5%.

Héroux-Devtek fabrique plusieurs éléments pour le F-35 (Joint Strike Fighter), comme des composants structuraux et des dispositifs de verrouillage de porte. En fait, les contrats obtenus jusqu'ici par Héroux-Devtek pour le F-35 représentent plus de 750 000 dollars US par appareil.

L'entreprise effectue une bonne partie de ce travail à son usine d'Arlington, aux États-Unis. Le bâtiment est assez grand pour pouvoir fabriquer des composants pour 100 appareils F-35 par année, mais pour l'instant, l'équipement en place a une capacité pour 50 appareils.

Cette année, Héroux-Devtek livrera des composants pour 40 appareils. Or, le Pentagone a fait savoir qu'il réduira le nombre d'appareils prévus pour l'exercice fiscal 2013 et pour les exercices suivants. À l'origine, le Pentagone devait prendre livraison de 42 appareils en 2013 et 62 en 2014. Les observateurs parlent maintenant de 29 appareils en 2013 et 29 en 2014.

Le Pentagone a pris cette décision parce qu'il doit mettre en oeuvre de sérieuses compressions dans le budget de la défense, mais aussi parce que le développement du F-35 se poursuit et qu'il est très onéreux de modifier les appareils déjà produits pour incorporer les améliorations apportées à la plateforme.

«On ne peut pas changer ce qui arrive aux États-Unis, a déclaré M. Labbé. Ça va être une situation à gérer.»

Lockheed Martin, le manufacturier du F-35, est encore à évaluer l'impact de la réduction des livraisons au Pentagone. Il doit prendre en considération les ventes dans les autres pays avant d'ajuster sa cadence de production.

M. Labbé a noté que le Pentagone s'engageait toujours à acquérir 2443 appareils d'ici 2035. Il a également souligné que le gouvernement américain avait mis fin à la probation imposée au développement d'une des versions de l'appareil, le STOVL (décollage court et atterrissage à la verticale).

Il s'est montré confiant quant à l'avenir, surtout compte tenu des perspectives dans le secteur civil.

«Le secteur de l'aviation commerciale s'en va dans la bonne direction, avec Boeing et Airbus, a-t-il fait valoir. L'aviation d'affaires aussi s'en vient bien.»

Les résultats d'Héroux-Devtek au troisième trimestre ont d'ailleurs dépassé les attentes des analystes. Alors que ceux-ci prévoyaient des revenus de 91 millions de dollars, Héroux-Devtek a enregistré des revenus de 93 millions, soit une augmentation de 8,8% par rapport au troisième trimestre de l'exercice précédent.

Le bénéfice net d'Héroux-Devtek a bondi de 33,8%, passant de 5,2 millions à 6,9 millions. Cela représente un bénéfice de 23 cents par action sur une base diluée, alors que les analystes s'attendaient à un bénéfice de 18 cents par action.

«La marge du bénéfice avant impôts, intérêts et amortissement a atteint 18,1%, ce qui constitue la meilleur marge enregistrée par Héroux-Devtek, écrit l'analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, dans un rapport. Avec des volumes qui devraient augmenter en aéronautique et qui devraient demeurer solides dans la division industrielle, nous croyons que ces marges sont durables.»