Une expansion au quartier DIX30 à Brossard, à Québec et à Laval. Une tour à condos et à bureaux au centre-ville de Montréal. Une image rajeunie. Les nouveaux propriétaires québécois ne manquent pas de projets pour le célèbre magasin de luxe Ogilvy.

Le fonds d'investissement de la famille Beaudoin-Bombardier (Fonds de placements BB), le Fonds immobilier de solidarité FTQ, la Corporation financière Champlain et quatre investisseurs privés - dont Jean-François Breton, copropriétaire de la société Devimco qui gère le quartier DIX30 - ont finalisé mardi soir l'achat du magasin Ogilvy des mains de la société torontoise Pyxis Real Estate et de la Caisse de retraite de Radio-Canada. La transaction serait d'environ 100 millions de dollars selon Argent et Les Affaires, mais la somme n'a pas été confirmée par les nouveaux propriétaires. Le Fonds FTQ a investi 17,5 millions.

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«Le magasin Ogilvy a toujours été rentable. L'équipe de direction en place a fait un excellent travail, mais elle n'avait pas toujours les ressources financières nécessaires, dit Pierre Simard, associé gestionnaire de la Corporation financière Champlain. On ne veut pas rajeunir la clientèle, mais on veut rajeunir l'image de la marque. Les gens s'habillent plus jeunes. Avant, un homme de 50 ans portait des complets. Maintenant, il s'habille comme un homme de 35 ans.»

En plus d'ouvrir un magasin au quartier Dix30 à Brossard au printemps 2012, les nouveaux propriétaires d'Ogilvy regarderont du côté de Québec et de Laval. Dès l'automne prochain, ils chercheront un emplacement dans la Vieille Capitale. «S'il y a un espace intéressant à Québec, on va ouvrir un magasin, dit Pierre Simard. Québec est un marché d'un million de personnes et l'économie s'est très bien débrouillée durant la récession. Là-bas, on veut se positionner entre Holt Renfrew et Simons. Il y a aussi un million de consommateurs dans la région de Laval qui viennent de moins en moins à Montréal à cause de la congestion routière.»

Les magasins d'Ogilvy à Québec et en banlieue de Montréal seront plus modestes que l'immeuble centenaire au centre-ville de Montréal: 80 000 pi2 sur deux étages, au lieu des 135 000 pi2 sur cinq étages.

Changements

Ogilvy ne veut pas seulement prendre de l'expansion au Québec. L'entreprise compte ériger une tour à bureaux et à condos sur le stationnement de 16 000 pi2 adjacent à son magasin montréalais. Elle revampera aussi les quatrième et cinquième étages du magasin, réservés à la mode masculine et aux accessoires pour la maison.

Le défi d'Ogilvy? Fidéliser sa clientèle haut de gamme, qui préfère trop souvent acheter à l'étranger. «Il faut faire attention car c'est un marché de niche, dit Pierre Simard. Ce n'est pas la clientèle qui manque, mais elle est très mobile. Elle magasine à Toronto, à Miami, à New York.» Même son de cloche chez Holt Renfrew, grand concurrent d'Ogilvy dans le marché des vêtements et des produits de luxe à Montréal. «Le marché du luxe et du haut de gamme se porte bien, mais nous n'avons pas toujours une clientèle fidèle», dit Julie Synnott, directrice générale des magasins Holt Renfrew à Montréal et Québec.

Plusieurs clients restent tout de même très attachés au magasin fondé par James A. Ogilvy en 1866 puis déménagé à son emplacement actuel en 1908. «Ma mère y allait enfant et je continue d'y venir chaque semaine. Ogilvy, c'est MON magasin», dit Francine Proulx. Son mari Pierre-Paul Proulx, économiste de formation, croit que les nouveaux propriétaires feront quelques changements. «L'achalandage n'est pas toujours suffisant dans certaines boutiques», dit l'ancien économiste chez Secor et dans la haute fonction publique.