La chaîne de magasins à bas prix Dollarama veut entrer en bourse pour poursuivre sa croissance, en faisant notamment passer de 585 à plus de 900 le nombre de ses magasins au Canada.

Dans son prospectus, déposé jeudi auprès des autorités, l'entreprise montréalaise souligne que toutes proportions gardées, il y a encore beaucoup moins de magasins à bas prix au Canada qu'aux États-Unis. On en compte environ un pour 32 000 habitants au Canada contre un pour 15 500 au sud de la frontière. Dollarama estime que toutes les provinces canadiennes lui offrent «des occasions considérables de croissance». Pour en arriver à son objectif d'atteindre 900 magasins au Canada, le détaillant s'appuie sur son taux actuel de pénétration au Québec, où il possède 207 magasins, soit un établissement par 37 000 habitants. Le taux est semblable dans les Maritimes, mais il est d'un magasin par 57 000 habitants en Ontario et d'un magasin par 115 000 habitants dans l'Ouest du pays.

L'entreprise entend donc ouvrir entre 30 et 40 magasins par année «dans l'avenir prévisible». Selon ses dirigeants, même le marché québécois n'est pas encore saturé.

Au Canada anglais, Dollarama fait néanmoins face à de nombreuses chaînes concurrentes, dont Buck or Two et Great Canadian Dollar Store, qui sont toutefois de bien plus petite taille.

Le premier appel public à l'épargne (PAPE) de Dollarama devrait permettre au détaillant de récolter quelque 250 millions de dollars, selon des sources citées par le quotidien torontois Globe and Mail. L'entreprise entend utiliser le produit de l'émission pour rembourser une partie de ses emprunts. Il faut dire que le détaillant est fortement endetté, son passif à long terme atteignant 838,4 millions.

Les deux actionnaires actuels de Dollarama sont le fondateur de l'entreprise, Larry Rossy, et la firme américaine d'investissement Bain Capital, qui a acquis sa participation de 80 % au coût d'un milliard de dollars en 2004.

Ventes en forte hausse

Dollarama n'a pas souffert de la récession, profitant au contraire du désir des consommateurs d'économiser en ces temps difficiles. Au cours de son plus récent trimestre terminé, qui a pris fin le 2 août, ses ventes ont crû de 15 % pour se chiffrer à 303,4 millions. Son bénéfice net a légèrement reculé, passant de 26 millions l'an dernier à 25,7 millions  cette année, mais le bénéfice d'exploitation a bondi de 10,3 % pour s'élever à 63,6 millions.

Ce n'est cependant pas la récession qui explique le mieux la progression récente des ventes de Dollarama, mais plutôt la décision, en février, d'offrir des produits à des prix variant entre un et deux dollars. Jusque-là, le détaillant ne vendait que des articles à un dollar ou moins.

Au cours des deux derniers trimestres, les ventes des magasins comparables (ouverts depuis au moins un an) ont crû respectivement de 7,5 et 7 % par rapport aux mêmes périodes de l'an dernier, alors que depuis 2003, l'augmentation annuelle ne dépassait pas 5 %.

Pour alimenter sa croissance, Dollarama misera également sur les cartes de débit, qui sont acceptées dans ses magasins depuis un an et qui représentent désormais 29 % des revenus totaux. Or, la valeur moyenne des ventes effectuées par cartes de débit est 2,5 fois plus élevée que pour les transactions au comptant. De plus, le détaillant teste actuellement, dans certains magasins, l'acceptation des cartes de crédit, qui pourraient devenir un nouveau vecteur de croissance.

Le PAPE de Dollarama constitue un nouveau signe de la stabilisation des marchés boursiers. Selon des données compilées par Bloomberg, les entreprises canadiennes ont récolté 1,7 milliard par le biais d'émissions d'actions en 2009, soit le double du montant enregistré pendant toute l'année 2008.

Les entreprises québécoises World Color Press (anciennement Quebecor World, [[|ticker sym='T.WC'|]] ), Rona [[|ticker sym='T.RON'|]] et Transat ont notamment émis de nouvelles actions au cours des derniers mois.

Au cours de l'exercice terminé le 2 août, Dollarama a dégagé un bénéfice d'exploitation de 137,6 millions sur un chiffre d'affaires de 1,17 milliard. Depuis 2002, les ventes et le nombre de magasins de l'entreprise ont crû à un taux annuel composé de 16 %.