Le détaillant en alimentation Loblaw accélérera le remplacement de son enseigne sur des supermarchés au Québec par celle de sa division à escompte : Maxi & Co.

Ce virage de stratégie commerciale par le géant canadien de l'alimentation, ébruité en février dernier par La Presse Affaires, vise à rehausser ses résultats au Québec, longtemps décevants aux yeux des dirigeants torontois de Loblaw. Or, les quelques conversions de supermarchés de Loblaw à Maxi depuis le début de l'année portent fruit, a indiqué son président, Allan Leighton, hier, lors de sa discussion sur les résultats du deuxième trimestre avec les analystes.

«Nous sommes satisfaits de la performance des supermarchés convertis jusqu'à maintenant. C'est pourquoi nous prévoyons investir davantage pour étendre et accélérer ce type de projets au cours des prochains mois», a indiqué M. Leighton.

Quant au nombre des supermarchés Loblaw qui pourraient changer d'enseigne pour Maxi, M. Leighton a préféré la discrétion. «Nous avons un plan mais nous n'avons pas l'intention de le divulguer à ce moment-ci», a-t-il répondu à un analyste curieux. Au dernier compte divulgué par l'entreprise, il y a 35 supermarchés Loblaw au Québec. Et il y a quelques mois, deux magasins situés à Montréal et en Beauce étaient en voie de conversion en grande surface Maxi & Co.

«La réponse de la clientèle est excellente », a répondu Mélanie Choquette, porte-parole au siège administratif de Loblaw pour le Québec, à une demande d'informations de La Presse Affaires, hier.

Par ailleurs, malgré la récession qui, de l'avis même de ses dirigeants, pourrait ternir ses prochains résultats, Loblaw a décidé de maintenir sa cadence de rénovation de ses supermarchés. Ces investissements ont lieu surtout dans l'ouest du Canada, où «plusieurs magasins sont un peu vieillots» a dit M. Leighton.

Mais certains travaux sont aussi prévus au Québec dans le réseau de supermarchés Provigo de taille intermédiaire. «Provigo est une enseigne importante pour nous au Québec. Nous voulons y faire des rénovations, et quelques projets-pilotes viennent d'être réalisés», a commenté le président de Loblaw.

Résultats, acquisition

Quant aux résultats financiers du géant de l'alimentation, ses dirigeants ont indiqué hier qu'ils s'attendaient à une «deuxième moitié d'exercice particulièrement difficile».

La principale raison? La récession au Canada, et surtout la hausse du taux de chômage, qui se font maintenant sentir dans l'alimentation après une période de relative immunité.

«Il y a tout de même 500 000 chômeurs de plus au Canada. Et si nous avons été relativement épargnés lors du début de la récession, nous la ressentons maintenant alors que de nombreux consommateurs restreignent leurs dépenses en alimentation», a expliqué Allan Leighton.

Du coup, ces propos mitigés sur les prochains résultats de Loblaw ont mal résonné parmi les investisseurs boursiers. Ils ont laissé choir ses actions de 2 % hier à la Bourse de Toronto, effaçant les gains des deux dernières semaines.

Pourtant, les résultats du deuxième trimestre divulgués hier par Loblaw sont plutôt favorables.

Le profit net était en hausse annualisée de 37 % à 302 millions de dollars, alors que les ventes ont progressé de 2,8 % à 7,2 milliards.

Même l'importante mesure des ventes de magasins comparables (ouverts depuis plus d'un an) était en progression de 2,5 % sur une base annualisée. Aussi, ces résultats encore favorables de Loblaw ont incité ses dirigeants à négocier leur plus grosse acquisition depuis des années.

Loblaw paiera 225 millions pour acquérir la chaîne de 17 supermarchés T & T d'inspiration asiatique, mais dirigée de Vancouver. Ce détaillant alimentaire fondé il y a 16 ans cible la clientèle ethnique dans les régions de Vancouver, de Calgary et de Toronto. Son chiffre d'affaires voisine les 514 millions.

«Avec cette acquisition, Loblaw pourra élargir son offre de produits ethniques et mieux servir le segment de marché de l'alimentation en plus forte croissance», a indiqué Galen Weston, président du conseil de Loblaw et un membre de la famille torontoise qui contrôle le détaillant.

Loblaw prévoit conclure l'achat de T & T d'ici la fin de septembre, avec un apport immédiat à son bénéfice consolidé.