Retourner sur les bancs d'école, ou simplement parfaire sa formation, sera un peu plus facile avec les mesures annoncées mardi par le gouvernement Trudeau.

Prenant bonne note du « caractère changeant du monde du travail », de la nécessité d'acquérir de nouvelles compétences ou de mettre à jour les anciennes, le budget 2019 implante une « Allocation canadienne pour la formation » qui coûtera 1,7 milliard sur cinq ans. On prévoit y consacrer 586,5 millions par année par la suite. 

Il s'agit en fait de trois mesures qui seront instaurées en 2020, et qui visent à donner un coup de pouce financier aux travailleurs. Ces derniers, explique-t-on dans les documents budgétaires, « peuvent avoir de la difficulté à mettre de l'argent de côté pour une formation supplémentaire - et ce, même si c'est ce qu'il leur donnera une meilleure chance de réussir à l'avenir ». D'autres n'ont tout simplement pas la possibilité de « trouver le temps nécessaire entre les pressions du travail et de la famille pour acquérir de nouvelles compétences ».

Crédit pour la formation

La première mesure annoncée est un nouveau « crédit canadien pour la formation » de 250 $ par année, qui peut être accumulé jusqu'à un total de 5000 $. Ce crédit est utilisable lors de la déclaration de revenus pour les travailleurs de 25 à 64 ans, et permet le remboursement jusqu'à 50 % des frais de formation ou d'inscription. Ainsi, donne-t-on en exemple, un travailleur pourra réclamer dans quatre ans le remboursement de 1000 $ de ses frais de formation de 2000 $.

Le revenu du travailleur doit avoir été d'au moins 10 000 $ et d'au plus 150 000 $. Le crédit est applicable aux frais de formation des collèges, des universités et des établissements qui offrent une formation axée sur les compétences professionnelles. À lui seul, ce crédit coûtera 710 millions sur cinq ans, et 265 millions annuellement par la suite.

Payer l'épicerie

L'autre volet important est une nouvelle prestation d'assurance-emploi liée à la formation, d'une durée maximale de quatre semaines. Cette prestation représenterait 55 % du salaire d'un travailleur qui ne recevrait pas de chèque de paie pendant sa formation.

Ce soutien « aiderait les travailleurs à payer leurs dépenses quotidiennes, et leur permettrait de respecter les paiements en cours, comme les paiements hypothécaires, les factures d'électricité et les coûts de la vie généraux, pendant qu'ils suivent une formation et qu'ils ne touchent pas leur chèque de paie régulier », explique-t-on.

Les quatre semaines n'ont pas à être utilisées bout à bout, mais peuvent être étalées sur quatre ans. On a également prévu un soutien aux petites entreprises qui voudraient offrir cette nouvelle prestation : elles auront droit à une remise de leur portion des cotisations d'assurance-emploi.

« Trop onéreux »

Enfin, troisième volet de cette allocation, on annonce de nouvelles « dispositions » en ce qui concerne les congés qui pourraient être nécessaires pour suivre une formation. Aucun détail cependant sur ces mesures, pour lesquelles Ottawa dit vouloir consulter les provinces afin de « veiller à ce que les travailleurs puissent s'absenter du travail pendant la période nécessaire pour suivre une formation en sachant qu'ils auront encore un emploi après leur formation. »

Selon les données de l'OCDE reprises dans les documents budgétaires, obtenir une formation ou une éducation supplémentaire est considéré « trop onéreux » par 18 % des Canadiens. La moyenne des pays industrialisés est de 16 %.

La toute nouvelle Allocation canadienne pour la formation a été accueillie plutôt froidement par la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI). Par communiqué, l'organisme se dit « préoccupé » par les nouvelles prestations, dont les coûts avoisineront à terme les 300 millions par année, et qui n'offrent pas de garanties que les formations seront en lien avec les emplois occupés par les travailleurs.

« Nous sommes heureux que le gouvernement ait prévu une certaine forme de compensation pour les PME pour couvrir les coûts du financement de ce programme », précise Martine Hébert, vice-présidente de la FCEI.