La Banque du Canada a relevé son taux d'intérêt directeur pour la deuxième fois en moins de deux mois dans le cadre d'un effort visant à s'ajuster à l'élan inattendu de l'économie canadienne.

Ce resserrement monétaire, qui fait passer à 1 % le taux cible du financement à un jour, constitue la deuxième augmentation d'un quart de point de pourcentage depuis juillet.

L'annonce effectuée mercredi par la banque centrale survient moins d'une semaine après la publication de données économiques ayant fait état d'une croissance impressionnante de 4,5 % du produit intérieur brut (PIB) au deuxième trimestre.

Cette performance enregistrée au cours des mois d'avril à juin est survenue alors que la croissance de l'économie canadienne avait également dépassé les attentes de la Banque du Canada pendant les trois premiers mois de 2017.

«Les données économiques récentes ont été plus vigoureuses que prévu, ce qui étaye le point de vue de la banque selon lequel la croissance au Canada devient plus généralisée et plus autonome», souligne l'institution dans un communiqué.

La banque centrale fait valoir que la progression de l'emploi et des salaires stimulait les dépenses de consommation, qui demeurent robustes, tandis que les investissements des entreprises et les exportations avaient affiché une vigueur plus généralisée.

Le huard s'est envolé après que le taux directeur eut été relevé, clôturant à 81, 54 cents US. C'est la première fois depuis le 26 juin 2015 que le dollar canadien valait plus de 81 cents US à la fermeture des marchés.

En prenant une décision qualifiée «d'agressive» par certains, la Banque du Canada a également évoqué une série de facteurs qui pourraient venir peser sur l'économie.

L'institution a notamment cité les craintes entourant les risques géopolitiques ainsi que les «incertitudes considérables» entourant les politiques de commerce international et les politiques budgétaires. Elle anticipe également une croissance économique plus modérée au cours de la deuxième moitié de l'année.

La banque centrale affirme également que ses décisions futures en ce qui a trait à la politique monétaire ne seront pas «prédéterminées» et qu'elles seront guidées par les prochaines données économiques ainsi que l'évolution des marchés financiers.

Elle compte s'attarder particulièrement à l'évolution de l'économie, le marché du travail ainsi que les risques potentiels qui pourraient affecter les Canadiens en raison de la hausse des taux d'intérêt - qui font grimper les coûts d'emprunt.

«Compte tenu de l'endettement élevé des ménages, elle suivra de près la sensibilité de l'économie aux taux d'intérêt plus élevés», fait valoir l'institution, dans son communiqué d'environ 400 mots.

Selon l'économiste principal de la Banque TD, Brian DePratto, les commentaires de la Banque du Canada sur les risques économiques et sur ses orientations entourant la politique monétaire visaient à atténuer l'impact de sa décision de sur les marchés.

Les analystes anticipaient un resserrement monétaire au cours des prochains mois, mais l'annonce de mercredi a probablement surpris certains observateurs. Plusieurs experts s'attendaient que la banque centrale relève son taux directeur en octobre.

«Clairement, la Banque du Canada a voulu prendre les devants, a dit M. DePratto. Ils auraient pu attendre six semaines, ce qui aurait permis aux communications d'être plus fluides. Maintenant, la question est de savoir quelle direction le gouverneur Stephen Poloz souhaite prendre.»

Certains économistes ont souligné que la Banque du Canada, dans son communiqué, disait vouloir réduire une partie de la détente monétaire «considérable» actuellement en vigueur. Selon eux, il s'agit d'un signal indiquant qu'un autre resserrement monétaire pourrait bientôt survenir.

«Je crois que l'annonce d'aujourd'hui vient renforcer la thèse voulant qu'une hausse (du taux directeur) pourrait survenir plus tôt que tard», a dit M. DePratto.

Mais selon l'économiste de CIBC Andrew Grantham, il faut tenir compte de plusieurs facteurs pour tenter d'anticiper la prochaine décision de la banque centrale.

«Si l'élan de l'économie devait s'essouffler (au troisième trimestre), la Banque du Canada aura une raison d'adopter une approche moins agressive en ce qui a trait à sa politique monétaire», écrit-il dans une note.

L'approche de la Banque du Canada pour expliquer sa plus récente décision a été bien différente de celle adoptée pendant les semaines ayant précédé la hausse annoncée en juillet. Plusieurs dirigeants de la banque centrale, dont M. Poloz, avaient publiquement envoyé des signaux indiquant qu'une hausse du taux directeur était sur le point de survenir.