Le premier ministre nippon Shinzo Abe a augmenté la pression, mardi, sur Justin Trudeau en laissant publiquement entendre que les positions de son homologue canadien avaient changé sur quelques dossiers internationaux épineux.

À la suite d'une rencontre bilatérale avec le premier ministre canadien en visite à Tokyo, M. Abe a lu une déclaration devant les journalistes affirmant que les deux leaders partageaient «une sérieuse inquiétude» à propos des revendications territoriales de la Chine qui a érigé des avant-postes dans la mer de Chine.

M. Abe a aussi déclaré, avec l'aide d'un interprète, que le Japon allait continuer de faire des efforts pour viser une ratification hâtive du controversé Partenariat transpacifique - «ensemble avec le Canada».

L'interprétation du Canada par rapport à la rencontre était cependant quelque peu différente sur ces deux questions.

M. Trudeau n'a initialement pas mentionné la dispute dans la mer de Chine dans son discours, qui a suivi celui de M. Abe. En ce qui a trait au Partenariat transpacifique, le gouvernement canadien a clairement indiqué qu'il prenait son temps pour réviser le traité entre 12 pays avant de décider de le ratifier ou non.

L'hiver dernier, le ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion et son homologue japonais Fumio Kishida avaient publié un communiqué reconfirmant leur engagement à maintenir des règles maritimes basées sur la loi internationale. Sans nommer la Chine, ils avaient aussi déclaré qu'ils s'opposaient à l'utilisation de l'intimidation, de la force et des actions unilatérales visant à changer le statu quo dans l'Asie-Pacifique.

Plus tard mardi, la porte-parole de M. Trudeau, Kate Purchase, a écrit dans un courriel qu'il n'y avait «pas de changement dans (la) position (canadienne) dans le dossier de la mer de Chine». Elle a réitéré la position du Canada en affirmant: «Comme nous l'avons constamment dit, nous croyons aux lois maritimes et nous n'encourageons pas les actions unilatérales.»

Le professeur de droit de l'Université Keio, Masayuki Tadokoro, a expliqué que M. Abe avait peut-être essayé «d'extraire» davantage de soutien de la part de M. Trudeau sur un problème qui représente une véritable menace à la sécurité pour les Japonais.

Le premier ministre a aussi profité de sa visite pour inviter les constructeurs automobiles japonais à investir davantage au Canada.

Il ne semblerait toutefois pas que cette ouverture donne lieu à des engagements immédiats et concrets de la part de l'industrie automobile japonaise.

M. Trudeau a rencontré des équipementiers ainsi que les présidents des constructeurs Honda, Toyota et Subaru.

Le patron de Fuji Heavy Industries, la firme qui fabrique les voitures Subaru, a prévenu M. Trudeau qu'il n'avait aucunement l'intention d'accroître sa capacité à court terme, mais que cela n'était pas impossible dans l'avenir, a révélé le secrétaire de presse du premier ministre, Cameron Ahmad, après la rencontre.

Les journalistes ont ensuite profité d'une conférence de presse, plus tard mardi, pour demander à Justin Trudeau ce qu'on pouvait attendre de ses discussions avec les représentants de l'industrie automobile nippone.

«Je travaille présentement à tisser des liens, je discute avec les entreprises du genre de défis auxquels elles sont confrontées et des occasions qui s'offrent à elles», a répondu M. Trudeau, qui a rencontré le chef de la direction de Fuji Heavy Industries, Yasuyuki Yoshinaga, à la résidence officielle de l'ambassadeur du Canada au Japon.

«Bien sûr, il y a eu plusieurs conversations positives, pas seulement pour moi, mais aussi pour notre ministre du Commerce, Chrystia Freeland, et les Canadiens qui travaillent partout à travers le monde afin de promouvoir les extraordinaires occasions d'investissement dans notre pays.»

Contrairement à Toyota et Honda, Subaru n'a pas d'installations au Canada. Au cours de sa rencontre avec M. Yoshinaga, le premier ministre a notamment fait valoir que les Canadiens avaient un grand sens de l'innovation et privilégiaient la qualité.

Plus tard mardi, M. Trudeau et son épouse, Sophie Grégoire-Trudeau, ont visité le sanctuaire Meiji et ont rencontré l'empereur et l'impératrice du Japon.

La visite de M. Trudeau à Tokyo survient quelques jours avant le sommet du G7 qui se déroulera jeudi et vendredi à Ise-Shima.