L'homme choisi pour aider à raviver l'économie canadienne entre en poste avec beaucoup d'espoir, mais il est catégorique: le pays doit agir, et vite.

Dominic Barton, directeur général mondial chez McKinsey & Company, a été désigné par le ministre des Finances, Bill Morneau, pour présider un conseil consultatif en matière de croissance économique qui devra élaborer un plan pour aider le Canada à se sortir de son cycle de faible croissance.

Dans un entretien avec La Presse Canadienne, M. Barton a parlé de son nouveau rôle au sein du conseil composé de 14 personnes du monde des affaires et du milieu universitaire, en plus de donner un aperçu de ses possibles prescriptions pour soigner les maux économiques du Canada.

M. Barton, dont les services sont parfois retenus par des leaders d'entreprises ou de gouvernements un peu partout dans le monde, croit que plusieurs des secteurs d'activité économique du pays ont un avenir prometteur et il a déjà identifié certains nouveaux secteurs de croissance que le Canada devrait favoriser.

Cependant, maintenir le cap actuel ne doit pas être une option, a-t-il averti.

«Je crois qu'il y a beaucoup de potentiel à libérer et d'occasions qui vont se présenter, même s'il va y avoir des défis», a observé M. Barton lors de sa première grande entrevue depuis qu'il a été nommé à la tête du conseil, cet hiver.

«Si nous ne faisons rien, le portrait ne sera pas bon parce que nous sommes une population vieillissante (...) Je crois en fait qu'il est important que nous fassions quelque chose de relativement dynamique.»

M. Barton songe à diverses options, lesquelles comprennent notamment une incursion plus importante dans les marchés asiatiques, l'apprentissage de façons d'aider les plus petites entreprises à croître et certains efforts pour convaincre les plus grands investisseurs d'ici et d'ailleurs d'injecter de l'argent dans de grands projets publics d'infrastructures, comme les chemins de fer et les routes.

Tout en partageant ces suggestions, M. Barton assure qu'il ne veut pas non plus présupposer des recommandations qui seront ultimement formulées par le conseil.

Mais compte tenu de ses 30 années d'expérience en tant que conseiller, ses recommandations risquent de retenir l'attention de M. Morneau, du premier ministre Justin Trudeau et de ses confrères membres du conseil.

Le groupe, qui s'est rencontré lundi pour la première fois, commence ses travaux alors que le pays est coincé dans une période prolongée de faible croissance et qu'il tente de contourner l'effet négatif net de l'impact du plongeon des prix du pétrole brut.

M. Barton a expliqué que le ministre Morneau avait demandé au conseil de tenir des consultations le plus largement possible, pour faire le plein d'idées fraîches afin de dénicher des façons de faire croître l'économie à long terme.

«En bout de ligne, nous voulons nous concentrer sur trois à cinq grandes idées qui vont vraiment faire avancer les choses, plutôt que 30 qui vont s'étendre comme du beurre d'arachides», a illustré M. Barton, qui a déjà écrit et discouru sur les écueils des leaders qui ne se soucient que du court terme.

M. Barton croit aussi que le pays est bien positionné pour tirer profit des tendances économiques actuelles, notamment grâce au niveau d'éducation de sa population et à ses solides installations de recherche.

En outre, le Canada pourrait en faire bien plus pour gagner les marchés asiatiques, sans réduire son volume d'affaires avec les États-Unis, estime-t-il.

M. Barton, qui a travaillé pendant des années en Asie, croit que le Canada devrait accentuer ses activités commerciales avec cette région du monde par l'entremise de véhicules comme le Partenariat transpacifique et, peut-être, un éventuel accord de libre-échange avec la Chine.

Le Canada pourrait peut-être aussi faire grimper son niveau moribond de productivité en augmentant ses investissements dans les infrastructures - en allant chercher de l'argent ailleurs que dans le Trésor et peut-être hors des frontières canadiennes.

M. Barton appuie les efforts d'Ottawa pour attirer le capital des investisseurs institutionnels comme les grands régimes de retraite.

Le gouvernement libéral s'est fait élire en octobre dernier à l'aide d'une plateforme qui promettait de doubler les dépenses dans les infrastructures au cours de la prochaine décennie pour les porter à 120 milliards de dollars.

Le Canada pourrait probablement se révéler être un leader à ce chapitre, puisque peu de pays se sont engagés de telle façon envers les infrastructures, juge M. Barton. «Il est incroyable qu'aucun pays du G7 n'ait investi dans les infrastructures alors que les taux d'intérêt sont à des creux de 50 ans, a-t-il observé. C'est stupéfiant.»