La morosité qui s'était emparée progressivement des entreprises l'an dernier a enfin cédé le pas à une poussée d'optimisme, mue par des perspectives économiques mondiales moins sombres.

Selon les dernières données trimestrielles de l'Enquête sur les perspectives des entreprises (EPE) de la Banque du Canada, près de trois entreprises sur cinq (58%) s'attendent au cours des 12 prochains mois à ce que leurs ventes soient meilleures que ce qu'elles ont été au cours de la dernière année. Seulement 23% prévoient une détérioration. Il s'agit des meilleurs résultats en deux ans qui renversent complètement le pessimisme observé au cours de l'EPE précédente, réalisée en décembre.

«L'incertitude assombrissant les perspectives économiques s'est en partie dissipée», analysent les autorités monétaires. Elles ajoutent que les carnets de commandes ou les nouveaux contrats sont en hausse par rapport à il y a un an.

«Ces chiffres renversent complètement la tendance déconcertante observée au cours de la dernière année», se réjouit Derek Holt, économiste chez Scotia Capitaux.

Il y a un an, faut-il le rappeler, on se retrouvait au lendemain du tsunami japonais, au début du printemps arabe et devant beaucoup d'incertitudes quant à la capacité des dirigeants politiques européens de contenir la crise de la dette souveraine.

Toutes ces inquiétudes étaient en bonne partie dissipées au moment où l'EPE a été menée, du 21 février au 15 mars derniers. «C'est un peu ironique, étant donné que les marchés financiers s'inquiètent de nouveau des perspectives de croissance aux États-Unis après les mauvais chiffres de l'emploi de mars, tandis que l'Europe est encore sur le radar à cause de l'Espagne», fait remarquer Douglas Porter, économiste en chef délégué chez BMO Marchés des capitaux.

L'autre enquête de la Banque publiée hier, menée auprès des responsables du crédit (EARC), témoigne aussi de ce regain d'optimisme. Les conditions d'attribution de prêts aux entreprises, tant dans leurs dimensions tarifaires que non tarifaires, se sont relâchées quelque peu pour toutes les catégories d'emprunteurs, et plus particulièrement pour les petites entreprises. La concurrence plus vive des prêteurs expliquerait avant tout ce relâchement qui fait suite à un certain resserrement au cours des deux trimestres précédents.

Devant de telles perspectives, un grand nombre d'entreprises manifestent toujours l'intention d'investir davantage en machines et en matériel tandis que plus d'une sur deux (55%) prévoit augmenter ses effectifs. «La plupart des firmes prévoyant augmenter leur personnel invoquent la nécessité de soutenir l'expansion actuelle ou attendue des ventes», précise la Banque.

Deux entreprises sur cinq affirment qu'elles auraient de la difficulté à répondre à une demande accrue inattendue. C'est toutefois un peu moins qu'au cours des trois trimestres précédents et peut-être le reflet que certaines ont augmenté leurs capacités de production.

En ce qui concerne les perspectives d'inflation, la très grande majorité des répondants s'attend à ce que son rythme évolue dans la fourchette de 1% et 3% visée par la Banque. Fait nouveau cependant, un très grand nombre entrevoit que ce soit plutôt un rythme de 2% ou 3%.

En somme, rien encore pour pousser la Banque du Canada à resserrer prochainement les conditions monétaires bien qu'il faille s'attendre à ce qu'elle augmente quelque peu ses perspectives de croissance dans son prochain scénario économique qui paraîtra la semaine prochaine dans le Rapport sur la politique financière.

Si tel était le cas, une première majoration en deux ans du taux directeur serait possible en fin d'année.