En visite en Arctique, le premier ministre canadien Stephen Harper a réaffirmé mardi l'engagement de son gouvernement pour le Grand Nord et annoncé la création d'une agence de développement régional afin que les décisions ne se prennent plus «à des milliers de kilomètres» de là.

Symboliquement, M. Harper devait manger de la viande de phoque avec ses ministres mardi à Iqaluit, capitale du territoire du Nunavut dans l'île de Baffin et première étape de sa tournée de cinq jours destinée à réaffirmer la souveraineté du Canada sur les immenses espaces arctiques, potentiellement riches en ressources énergétiques. Mais il devait s'agir de phoque cuit, chassé la veille, a précisé Radio-Canada, dans une allusion au geste de la gouverneure générale Michaëlle Jean, qui a gagné la sympathie de la communauté inuit mais suscité une controverse en mangeant un morceau de coeur de phoque cru en mai.

Les populations locales, dont le niveau de vie est très inférieur à celui des Canadiens du sud du pays, attendaient surtout des mesures concrètes. Mardi, M. Harper a apporté un début de réponse à ces attentes en annonçant la création de CanNor (Agence canadienne de développement économique du Nord).

Dotée d'un budget de 50 millions de dollars canadiens (45 millions USD) sur cinq ans, elle aura son siège à Iqaluit, avec des bureaux à Whitehorse (Yukon) et Yellowknife (Territoires du Nord-Ouest).

«Les jours où les décisions sur le développement (dans le Nord) étaient prises dans une ville à des milliers de kilomètres d'ici appartiennent au passé», a déclaré M. Harper, dont le discours était retransmis par les télévisions canadiennes.

«Avec la création de CanNor, notre gouvernement veut donner des pouvoirs de décision aux gens du Nord et garantir que la réponse aux défis sans précédent de cette région soit donnée avec l'apport des gens d'ici qui ont leurs bottes bien sur terre», a ajouté le premier ministre.

Dirigée par le ministre des Affaires indiennes et du Nord Chuck Strahl, l'agence devra coordonner et exécuter les programmes et les politiques du gouvernement dans les trois territoires, précise un communiqué. Il s'agira notamment des infrastructures et de la formation professionnelle.

La tournée de M. Harper est combinée avec une «opération de souveraineté» militaire dans cette région désertique mais riche en gaz et en pétrole.

Ainsi, il doit prendre l'hélicoptère mercredi pour se rendre sur la frégate NCSM Toronto et s'enfoncer dans les eaux à bord du sous-marin NCSM Cornerbrook.

Baptisée Nanook 09 (ours polaire en inuit), l'opération en cours dans la zone de l'île de Baffin implique tant la marine que l'aviation et les forces terrestres, dont les Rangers autochtones, soit quelque 700 hommes au total.

Il s'agit d'un exercice anti-sous-marin, et d'un autre, civil, destiné à tester la préparation de l'administration face à une éventuelle panne d'une «infrastructure essentielle».

M. Harper doit aller aussi à Pangnirtung, un hameau inuit dans l'île de Baffin, puis à Yellowknife et à Whitehorse.

L'Arctique est censé receler d'importants gisements de gaz et de pétrole, que le réchauffement global pourrait rendre accessibles, et suscite des rivalités feutrées entre la Russie, les États-Unis, le Canada, la Norvège et le Danemark.

Au pouvoir depuis 2006, le parti conservateur de Stephen Harper a fait de la défense de la souveraineté de l'Arctique son principal cheval de bataille.