Le taux d'emploi chez les travailleurs nés au pays a baissé de 1,6 pour cent depuis un an, alors que celui chez les nouveaux arrivants qui sont au Canada depuis cinq ans et mois a quant à lui chuté de 5,7 pour cent.

C'est ce que révèle une nouvelle étude de Statistique Canada effectuée pour le compte du Globe and Mail et publiée dans son édition du samedi.

Le quotidien révèle également que les immigrants qui vivent au Canada depuis au moins une décennie s'en tirent un peu mieux depuis le début de la crise. Le nombre d'entre eux qui se sont retrouvés sans boulot a chuté de trois pour cent. Ce chiffre représente néanmoins environ le double du taux observé chez les Canadiens d'origine.

L'étude démontre ainsi qu'en temps de crise économique, les nouveaux venus perdent leur emploi à un rythme au moins trois fois plus élevé que les travailleurs nés au Canada. De plus, ils sont plus susceptibles d'avoir du mal à retrouver un emploi, et ce, même lorsque l'économie aura repris du mieux.

Les immigrants sont aussi souvent appelés à accepter des emplois en-deçà de leurs qualifications. Si cette situation perdure, cela peut également causer des dommages permanents à leur carrière puisqu'ils peuvent perdre leurs qualifications au fil du temps.

Selon la directrice exécutive du Conseil pour l'emploi immigrant dans la région de Toronto, Elizabeth McIsaac, ces dommages peuvent devenir très importants et perdurer au-delà la récession si les travailleurs demeurent hors du marché de l'emploi pour une durée de plus de deux ans.

Le professeur d'études ethniques, pluralisme et immigration de l'Université de Toronto, Jeffrey Reitz, croit quant à lui que la différence du taux d'emploi observée entre les travailleurs nés au pays et ceux qui y ont immigré s'explique par la hiérarchie qui prévaut dans de nombreux milieux de travail. Le dernier embauché est souvent le premier à partir lorsque le contexte économique se corse. Et souvent, ces nouveaux employés sont des immigrants, a-t-il expliqué au quotidien.

Le Globe and Mail rapporte également que plusieurs immigrants qui ont trouvé des emplois de «survie» au cours des dernières années ont travaillé dans des industries qui sont gravement touchés par la crise économique. C'est notamment le cas pour l'industrie manufacturière, celui de la construction et du transport.

Un avocat torontois spécialisé dans le droit du travail, Lior Samfiru, estime que les employeurs ont également tendance à remercier plus rapidement les nouveaux arrivants parce que souvent, ils font moins valoir leurs droits, notamment en ce qui a trait aux indemnités de départ.

Le vice-président et économiste principal adjoint du Groupe Financier Banque TD Craig Alexander, croit quant à lui que la récession ne fait qu'exacerber les problèmes qui existent déjà. Il cite notamment la différence salariale entre les immigrants et les Canadiens d'origine qui s'accroît, tout comme le chômage chez cette première catégorie.