L'expertise de BlackBerry dans la sécurité, la confidentialité et l'interconnectivité lui permettra de devenir un acteur majeur du marché émergent des véhicules autonomes et connectés, mais il pourrait s'écouler encore une décennie avant que ceux-ci ne deviennent courants, a estimé mercredi son président et chef de la direction, John Chen.

La société de Waterloo, en Ontario - qui s'est transformée en société de logiciels et de services depuis l'arrivée de M. Chen à sa barre, à la fin 2013 - travaille avec plusieurs fabricants de pièces d'automobiles, développeurs de semiconducteurs et grands noms de l'industrie automobile, incluant Ford Motors et Jaguar Land Rover.

Mais M. Chen croit que les véhicules complètement autonomes, contrôlés par réseaux sans fil, resteront rares pendant un certain temps en raison des tâches complexes qui devront précéder leur circulation à grande échelle. Parmi les enjeux se trouvent ceux du développement technologique, mais aussi ceux des politiques publiques, a-t-il précisé.

«Disons qu'en 2021, nous n'en verrons pas beaucoup - si nous en voyons même une», a illustré mercredi M. Chen lors de l'assemblée des actionnaires de BlackBerry. «Ma prévision: Une période d'encore 10 ans est probablement plus près de la vérité qu'une de trois ans.»

BlackBerry QNX a lancé en octobre une série d'essais lors d'un événement décrit à l'époque comme le premier essai sur route d'un véhicule autonome au Canada. L'entreprise a ouvert un centre de l'innovation à la fin 2016.

La société est impliquée dans les discussions entourant les normes de sécurité pour le Canada et les États-Unis, et a noté que la Chine, le Japon et l'Union européenne auraient aussi leurs propres règles.

M. Chen espère que des normes mondiales verront éventuellement le jour - contrairement à celles qui font aujourd'hui en sorte que différents pays conduisent du côté gauche ou droit de la route et que certains réseaux électriques utilisent 110 volts et d'autres, 220 volts.

«Ceci est entre les mains des politiciens, et non des fournisseurs de technologie. Mais nous allons assurément donner notre opinion.»

Un comité du Sénat canadien a averti dans un rapport, plus tôt cette année, que les différents ministères et paliers de gouvernement adoptaient des approches contradictoires dans le dossier des véhicules autonomes, et faisait valoir que le gouvernement fédéral devait effectuer une meilleure coordination. Aux États-Unis, le gouvernement fédéral a émis des lignes directrices volontaires pour les entreprises qui veulent effectuer des essais sur des véhicules autonomes, ce qui transfère une grande partie de la réglementation aux États.

M. Chen a rappelé que, pour l'instant, la principale source de revenus de BlackBerry pour le secteur automobile se trouvait dans les systèmes de divertissement et d'informations qui utilisent le logiciel de sa division QNX. Mais ultimement, la plus grande source de revenus de l'entreprise se trouve du côté des logiciels sécurisés destinés à ses clients commerciaux. La plupart de ses revenus liés aux téléphones intelligents sont dorénavant obtenus par l'entremise d'ententes de licences.

BlackBerry doit dévoiler vendredi ses résultats financiers pour le premier trimestre de son exercice 2019, qui a débuté le 1er mars.

Les analystes s'attendent à ce que les revenus de BlackBerry chutent de près de 15 % par rapport à l'an dernier, et de près de 13 % par rapport au quatrième trimestre de 2018. Ces revenus devraient commencer à progresser pendant les deux trimestres suivants de l'exercice, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters Eikon.