Le constructeur automobile Ford a pris en février la tête du marché américain, avec un bond de 43% de ses ventes sur un an, bénéficiant notamment des difficultés du Japonais Toyota, qui a cependant mieux que résisté que prévu.

Au total, le marché a progressé de 13% en un an, selon le cabinet Autodata, et de 12% par rapport à janvier, à 780 265 unités.

Ford a vendu le mois dernier 142 285 véhicules (y compris sous marque Volvo), dépassant d'un cheveu son compatriote General Motors (141.951), qui a enregistré une hausse plus modeste de ses ventes, à 11,5%. Les parts de marché respectives s'établissent à 18,2 et 18,1% selon Autodata.

Selon le cabinet spécialisé Edmunds.com, c'est la première fois depuis août 1998 que Ford dépasse GM, alors victime d'une grève de ses sous-traitants.

Toyota, qui depuis janvier est empêtré dans des rappels à répétition dus à des problèmes d'accélération et de freinage, a annoncé de son côté un recul de 8,7% des ses ventes, plus limité que ne l'avait anticipé Edmunds (-10,1%), et s'est avoué «surpris» de sa bonne résistance.

Sa marque de luxe Lexus a même enregistré une hausse de 5,2% de ses ventes sur un an, la marque Toyota essuyant quant à elle un recul de 10,2%.

«Nous avons bien vu une chute du nombre de nouveaux acheteurs Toyota», a commenté le patron de la marque Toyota, Bob Carter, «mais nous n'avons pas vu de fuite massive de nos clients vers d'autres marques».

Le troisième constructeur américain, Chrysler, a stabilisé ses ventes (+0,47%), une performance bien meilleure qu'anticipé par Edmunds (-20,2% attendu), qui met fin à une longue série de reculs.

Chez Ford, l'analyste George Pipas a indiqué que le groupe entendait rester sur sa lancée: «nous espérons que nous ne perdrons rien de notre élan».

«Je ne sais pas si ça va continuer, mais la course est certainement plus équilibrée entre Ford et GM», a souligné pour sa part l'analyste Jessica Caldwell, chez Edmunds.com.

Elle a expliqué le succès de Ford par la forte réduction de voilure lancée par GM pour se sortir de la faillite: «Quand General Motors avait huit marques, il était à peu près impossible que Ford vende plus que lui».

GM a cédé ou est en passe de supprimer quatre marques (Hummer, Saab, Pontiac et Saturn), ce qui laisse ses Chevrolet, Cadillac, Buick et GMC affronter les Ford, Lincoln, Mercury et Volvo du groupe Ford.

Le marché automobile américain connaît un bouleversement presque inimaginable avant le dépôt de bilan l'an dernier de General Motors et Chrysler, puis les problèmes de qualité de Toyota.

«Il y a deux ans, penser que (Ford pourrait dépasser GM) était assez extrémiste», souligne Mme Caldwell, «nous pensions que GM et Toyota se partageraient la place de numéro un».

Mme Caldwell a estimé qu'il était trop tôt pour annoncer la déconfiture durable de Toyota, qui a encore 12,8% de parts de marché: «ils lancent une campagne de promotion très puissante aujourd'hui aux États-Unis, nous nous attendons à ce qu'ils rebondissent».

GM, de son côté, a mis sa performance mitigée sur le compte de fortes chutes de neige dans l'Est du pays et d'une offre peu alléchante de véhicules lourds (pick-up), qui devraient bénéficier de promotions en mars.

Le groupe a annoncé un remaniement de son équipe nord-américaine. «L'idée est simple: une attention plus forte sur le marketing pour vendre plus de véhicules», a expliqué le patron des activités nord-américaines Mark Reuss, qui chapeautera directement les ventes.

GM a annoncé mardi le rappel de 1,3 million de voitures petits modèles, qui pourraient souffrir d'un problème de direction.