Les discussions sur la survie du constructeur automobile allemand Opel et ses 25 000 emplois ont achoppé jeudi, mais Berlin espérait toujours arracher un effort supplémentaire à la maison mère General Motors et à Washington avant le week-end.

«Déçu» par l'attitude des autorités américaines, le ministre des Finances allemand, Peer Steinbrück, a expliqué au petit matin, les traits tirés et visiblement contrarié, que GM avait demandé à la dernière minute 300 millions d'euros (466 millions CAN) supplémentaires d'aides à l'Allemagne.

«Nous avons trouvé cela relativement scandaleux», a-t-il expliqué à l'issue d'une réunion nocturne de huit heures organisée à la chancellerie, réunissant les autorités allemandes, le ministère américain des Finances, GM et les repreneurs potentiels d'Opel.

L'Allemagne a fixé une nouvelle échéance à vendredi pour décider du sauvetage du groupe. GM avait fait un premier pas mercredi, en ouvrant la voie à une séparation d'avec Opel, après 80 ans de mariage. Il a transféré à sa filiale allemande ses usines et ses brevets en Europe, à l'exception de la marque suédoise Saab.

Le point crucial dans les négociations entre Berlin et Washington est de mettre en place un financement d'urgence de 1,5 milliard d'euros (2,5 milliards CAN) pour Opel, le gouvernement allemand ne voulant pas être seul à payer.

Les deux parties pourraient compter aussi sur l'aide des deux repreneurs potentiels encore en lice, le constructeur italien Fiat et l'équipementier canadien Magna.

Ce dernier s'est dit prêt à avancer les 300 millions d'euros demandés par GM et négociait vendredi avec elle.

M. Steinbrück a indiqué attendre cette échéance «dans un état d'esprit positif» tandis que le vice-chancelier social-démocrate Frank-Walter Steinmeier se disait «confiant.»

Mais parallèlement aux négociations sur Opel, Washington s'occupe surtout de régler les détails de la restructuration du géant en faillite General Motors. Le Trésor américain a amélioré jeudi son offre aux créanciers de GM. Et le gouvernement allemand s'offusque de voir l'affaire Opel reléguée au second plan.

Le ministre de l'Économie, Karl-Theodor zu Guttenberg, a ainsi estimé jeudi, à la sortie d'une réunion à Berlin que Washington «aurait pu se donner plus de mal pour choisir son représentant» et a qualifié les informations fournies par les Américains de «secondaires, pour rester poli».

Washington a rejeté ces critiques. «Nous nous opposons fermement à l'idée que l'État américain soit n'aurait pas été intéressé, soit n'aurait pas eu confiance, soit aurait essayé de faire des calculs de dernière minute» dans ce dossier, a déclaré au cours d'une conférence téléphonique un responsable gouvernemental américain.

Le comité d'entreprise d'Opel a lui accusé General Motors de «jouer au poker» avec sa filiale allemande.

M. Steinmeier, également ministre des Affaires étrangères, a joué la carte diplomatique. Il a téléphoné jeudi à son homologue Hillary Clinton. Cette dernière aurait «promis de demander le plus grand soutien possible du côté américain», selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

À quatre mois des législatives, Berlin veut tout faire pour protéger d'une faillite de la maison-mère les 25 000 emplois d'Opel en Allemagne.

Les concessionnaires de marque Opel en Europe, qui tentent sans trop de succès depuis des semaines de proposer leur aide, ont annoncé jeudi qu'ils étaient prêts à injecter jusqu'à 500 millions d'euros (776,5 millions CAN) dans le constructeur.

Au-delà des frictions avec Washington, Berlin devra aussi s'expliquer devant ses partenaires européens et la Commission européenne qui pourrait tiquer sur une aide publique à Opel.