La hausse des prix continue de ralentir sensiblement au Canada, mais pas au Québec, qui affiche toujours le taux d’inflation le plus élevé au pays en octobre, à 4,2 %.

Dans la plupart des provinces canadiennes, la hausse des prix est même inférieure à 3 % en octobre, soit à l’intérieur de la fourchette cible de la Banque du Canada.

Au Québec, ça fait déjà plusieurs mois que l’inflation est supérieure à la moyenne canadienne. Le marché de l’emploi plus tendu et les augmentations de salaire plus fortes que dans les autres provinces sont une partie de l’explication, selon Florence Jean-Jacobs, économiste chez Desjardins.

Il y en a d’autres. Le programme national de garderies a fait baisser le prix des services de garde et a contribué au recul de l’inflation ailleurs au Canada, mais pas au Québec, où il existe déjà des services de garde subventionnés, précise-t-elle. Aussi, le prix de l’énergie, qui avait beaucoup augmenté dans les autres provinces, peut expliquer l’écart dans les taux d’inflation, explique l’économiste.

Le plus bas taux depuis juin

Selon Statistique Canada, l’Indice des prix à la consommation (IPC) affiche 3,1 % en octobre au Canada, un ralentissement notable par rapport à l’augmentation de 3,8 % en septembre et qui était attendu par la plupart des économistes.

C’est le taux d’inflation le plus bas depuis juin 2023. L’IPC a été poussé à la baisse par un recul du prix de l’essence d’un mois à l’autre et d’une année sur l’autre. Le prix des billets d’avion, en baisse de 19,4 %, en raison du recul de la demande et de l’augmentation du nombre de vols, est aussi un des facteurs qui a contribué à réduire la progression de l’IPC. Les prix ont augmenté dans 5 des 8 catégories de l’IPC et les hausses les plus importantes ont été relevées dans le logement, les loisirs et l’éducation et l’alimentation.

Un répit bienvenu à l’épicerie

À l’épicerie, la hausse des prix s’est modérée en octobre pour un quatrième mois consécutif. Après avoir été supérieure à 11 % en milieu d’année, la hausse du prix des aliments achetés à l’épicerie était redescendue à 5,8 % en octobre. Le prix de l’huile, des produits de boulangerie et des fruits en conserve reste toutefois en forte hausse, note Statistique Canada. La hausse du panier d’épicerie devrait continuer à ralentir d’ici la fin de l’année, prévoit l’analyste Tamy Chen, de BMO. Elle prévoit que la hausse des prix à l’épicerie pourrait se chiffrer à 4,5 %.

Loyers en hausse

Le prix des biens est en faible hausse, mais le prix des services augmente au rythme annuel de 4,6 %, après un bond de 3,9 % en septembre. Le prix des loyers est en forte hausse, ce qui reflète une demande qui dépasse l’offre de logements. C’est particulièrement vrai au Québec, où la hausse annualisée des loyers atteint 9,1 %. L’impôt foncier est aussi en hausse de 4,9 % d’une année à l’autre. Les municipalités ont eu besoin de budgets accrus pour couvrir les hausses de prix et les propriétaires ont dû acquitter plus de frais dans toutes les provinces, explique Statistique Canada.

Des données encourageantes

La lecture détaillée de l’IPC d’octobre a de quoi encourager la Banque du Canada. Les mesures de l’inflation fondamentale que surveille la Banque du Canada vont dans la bonne direction, opine Randall Bartlett, directeur principal, économie canadienne, de Desjardins. L’IPC-méd et l’IPC-tronq, notamment, sont plus près que jamais de la cible, à respectivement 2,7 % et 3,2 % en variation annualisée sur trois mois. Les augmentations des mesures de l’inflation fondamentale sont les plus faibles en 32 mois, relève pour sa part l’économiste de la Banque Nationale, Alexandra Ducharme.

À quand une baisse de taux ?

Tout progrès sur le front de l’inflation relance les espoirs de baisse prochaine des taux d’intérêt. Les dirigeants de la Banque du Canada étaient divisés la dernière fois sur la possibilité d’augmenter les taux d’intérêt ou de laisser plus de temps aux dix hausses du taux directeur de se répercuter pleinement dans l’économie. La prochaine décision de la Banque sera connue le 6 décembre.

La modération dans la hausse des prix, ajoutée à la faiblesse de plus en plus évidente de l’économie, écarte en tout cas toute possibilité d’une nouvelle augmentation du taux directeur, estiment la plupart des économistes. Une première baisse de taux est probable d’ici le milieu de 2024, réitère Randall Bartlett, chez Desjardins.