La Banque du Canada a envisagé d’augmenter son taux directeur pour la onzième fois le 25 octobre dernier, parce qu’elle craint que l’inflation soit là pour de bon.

Le résumé des discussions des dirigeants de la banque qui ont mené au maintien du taux directeur à 5 % souligne qu’ils restent sur le qui-vive : les prix restent élevés malgré la baisse de la demande, ce qui pourrait vouloir dire que les taux d’intérêt sont encore trop bas.

« Pour certains, il était plus probable que le taux doive être relevé davantage pour permettre un retour de l’inflation à la cible, lit-on dans le document publié mercredi. Pour d’autres, le scénario le plus probable était qu’un taux directeur à 5 % suffirait à ramener l’inflation à 2 %, à condition qu’il soit maintenu à ce niveau assez longtemps. »

Contrairement à la Réserve fédérale, où la décision sur les taux est soumise au vote, le conseil de direction de la Banque du Canada procède par consensus.

Finalement, les dirigeants « se sont largement entendus », sur le fait que la banque devait se montrer patiente et maintenir le taux à 5 %, mais devait aussi se dire prête à l’augmenter.

« Étant donné les progrès plus lents que prévu vers la stabilité des prix et les risques inflationnistes accrus, les membres ont convenu d’énoncer clairement qu’ils étaient prêts à augmenter de nouveau le taux directeur si nécessaire », ont conclu les participants aux discussions qui ont commencé une semaine avant l’annonce du 25 octobre.

Une inflation tenace

Le taux d’inflation ne baisse pas assez vite au goût de la Banque du Canada. Les taux d’intérêt élevés ralentissent l’économie et réduisent bel et bien la demande des consommateurs pour les biens et services, mais les prix ne diminuent pas comme ils le devraient.

L’augmentation prévue des dépenses des gouvernements nuit au processus de désinflation, constate la Banque du Canada. « En entraînant une progression de la demande plus rapide que celle de l’offre, les dépenses des gouvernements pourraient faire obstacle au retour de l’inflation à la cible », ont souligné ses dirigeants.

Les autres préoccupations de la banque centrale concernent les salaires, qui augmentent encore au rythme annuel de 4 à 5 % et le comportement des entreprises qui haussent leurs prix plus souvent qu’en temps normal, ce qui alimente l’inflation.

Les dirigeants de la banque centrale s’inquiètent aussi du prix du pétrole, que le conflit entre Israël et le Hamas pourrait pousser à la hausse.

Les risques que l’inflation reste élevée sont plus grands qu’en juillet, selon la Banque du Canada, qui a donc reporté le retour à la cible de 2 % à 2025.

« Notre décision témoigne aussi du fait que nous tentons de doser notre resserrement monétaire le mieux possible : nous ne voulons pas ralentir l’économie plus que nécessaire, mais nous ne voulons pas non plus que les Canadiennes et les Canadiens continuent de vivre avec l’inflation élevée ni que celle-ci s’enracine. »

Devant le comité sénatorial des banques, du commerce et de l’économie de la Chambre des communes la semaine dernière, le gouverneur Tiff Macklem a été clair : il faudra voir l’inflation baisser davantage avant d’écarter une nouvelle hausse de taux.

La prochaine lecture de l’Indice des prix à la consommation et des mesures d’inflation sous-jacente surveillées par la Banque du Canada sera connue le 21 novembre.