Au Canada comme au Québec, le taux de chômage en octobre atteint son niveau le plus élevé depuis plus d’un an. Comme la création d’emplois ralentit et que le nombre de personnes en âge de travailler augmente avec l’immigration, le taux de chômage grimpera encore et pourrait atteindre 6,5 % au cours des prochains mois, prévoient des économistes.

Le taux de chômage à 4,9 % au Québec

Le Québec a perdu 22 100 emplois en octobre et le taux de chômage a grimpé de 0,5 point de pourcentage, à 4,9 %. « Le taux de chômage affiche sa plus forte hausse depuis janvier 2022 et rejoint presque le niveau de 2019 », souligne l’économiste de Desjardins Florence Jean-Jacobs. Le Québec cède la place à la Saskatchewan pour le plus bas taux de chômage au pays. Les pertes d’emplois se retrouvent majoritairement dans le secteur privé et dans le travail à temps plein. Les salaires ont augmenté moins rapidement et le nombre d’heures travaillées est en baisse, ce qui indique une baisse de la tension sur le marché du travail, note l’économiste principale de Desjardins.

Dans la région métropolitaine de recensement de Montréal, le taux de chômage a augmenté de 1,0 point de pourcentage, et il s’est établi à 6,0 % en octobre.

L’emploi ralentit au pays

L’économie canadienne a ajouté 18 000 emplois en octobre, ce qui est inférieur à ce qu’attendaient les économistes. Le taux de chômage a grimpé de 5,5 % à 5,7 %. Les emplois créés sont surtout à temps partiel et dans le secteur public.

Il y avait 1,2 million de personnes au chômage en octobre, en hausse de 16,2 % depuis avril.

Parmi les personnes qui étaient au chômage en septembre, 60,1 % le sont demeurées en octobre – une proportion supérieure à celle enregistrée 12 mois plus tôt (55,4 %) et une indication que les chercheurs d’emploi éprouvent davantage de difficultés à se trouver du travail qu’il y a un an, selon Statistique Canada.

Le taux de chômage à 6,5 % ?

Depuis le début de l’année, l’économie canadienne a ajouté en moyenne 28 000 emplois par mois, tandis que la population en âge de travailler a augmenté de 81 000 par mois, a calculé Sébastien Lavoie, économiste en chef de la Banque Laurentienne. Cette disproportion mène à une augmentation prévisible du taux de chômage, qui pourrait atteindre 6,5 % au milieu de l’année prochaine, selon lui.

« Alors que la population continue de croître à un rythme effréné, l’embauche ne suit tout simplement pas », constatent aussi les économistes de la Banque Nationale. Selon Matthieu Arseneau et Alexandra Ducharme, avec l’impact des hausses de taux d’intérêt qui n’a pas fini de se faire sentir, « le marché de l’emploi fait face à une route parsemée d’embûches ».

Accalmie sur le front de l’inflation

En plus de la création d’emplois qui ralentit, l’inflation des salaires montre des signes d’apaisement. La hausse du salaire horaire que surveille la Banque du Canada a été de 5 % en octobre, comparativement à 5,3 % le mois précédent.

Au Québec, la variation des salaires est passée de 4,2 % en septembre à 4 % en octobre.

C’est encore trop pour la Banque du Canada, qui veut ramener l’inflation à 2 %, mais à mesure que le marché de l’emploi se détériore, les salaires vont décélérer et l’inflation aussi, prévoit Andrew Graham, économiste de la CIBC. Comme plusieurs autres, la CIBC prévoit que la Banque du Canada pourra commencer à réduire son taux directeur au deuxième trimestre de 2024.

Moins difficile au Québec

La hausse du coût de la vie se fait de plus en ressentir au pays. Statistique Canada estime qu’un Canadien sur trois vit dans un ménage qui trouve difficile ou très difficile de subvenir à ses besoins en matière de logement, de transport et de nourriture.

C’est dans le sud de l’Ontario que ces difficultés sont les plus présentes. À Toronto, près de 40 % des ménages disent éprouver des difficultés financières, alors que cette proportion est de moins de 30 % à Montréal. Trois villes québécoises, Montréal, Gatineau et Québec, sont celles où les ménages se disent les moins éprouvés parmi les vingt principales régions métropolitaines canadiennes.